Le chômage, c’est bien connu, c’est la faute aux chômeurs. Cette sentence
populiste est devenue le fil conducteur de la politique de l’emploi du
gouvernement. Après la terrible sortie de Macron « du travail, il
n’y a qu’à traverser la rue pour en trouver », balancée à un jeune en
difficulté, c’est maintenant au tour des seniors d’être accusés de se complaire
dans une inactivité grassement indemnisée.
Voilà ce qui, selon Bruno Le Maire, empêche d’atteindre les objectifs de
plein-emploi. Donc, pour obliger les seniors au chômage à retrouver un emploi,
quoi de plus efficace que de leur rendre la vie au chômage encore plus
difficile ? Pour cela le pouvoir a décidé de rogner les droits des
seniors, notamment en réduisant le temps d’indemnisation.
La responsabilité des entreprises qui dégagent les plus de 55 ans à
tour de bras pour faire des économies ? L’incohérence de retarder l’âge de
départ à la retraite quand tout démontre la difficulté accrue de retrouver un
emploi à cet âge ? Tout cela n’existe pas. La seule esquisse de mesure en
direction des entreprises pour qu’elles gardent les « plus de
55 ans » dans l’emploi serait de permettre à ceux-ci de « travailler
80 % du temps, tout en touchant 90 % de leur salaire et 100 % de
leurs cotisations retraite ». La différence étant financée par de
l’argent public, bien sûr…
Et peu importe que les politiques des trente dernières années, basées sur
l’accroissement des inégalités et la réduction des protections, aient toujours
échoué à créer de l’emploi de qualité. Dans la logique du gouvernement, celui
qui a des droits est considéré comme un assisté, voire un voleur de droits.
Toujours cette vieille obsession de l’extension et de la dissémination
des seules « valeurs » du marché à tous les pans de la politique et
de la vie.
Une nouvelle preuve, comme l’écrivait Jack London, de l’« égoïsme
monstrueux et sans cœur » et du « matérialisme
grossier et glouton, aussi pratiqué que pratique », de ces
ultralibéraux qui gouvernent à grands coups de talon de fer sur la nuque des
plus fragiles.
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