Il est du bois
que l’on brûle, aux quatre vents du froid, bûches éclatées des troncs
séculaires, fagots assemblés pour des feux éphémères. Il est du bois que l’on
sculpte pour les générations futures, christs qu’use le temps, totems érodés
par les vents. Il est du bois dont on fait les flutes, les ministres intègres
et les sauveurs suprêmes, tout venant, brassées de sarments flambées, pour les
faux serments. Il est du bois dont on fait les têtes de pipes fabriquées pour
la casse, têtes de bois qui ne comprennent rien, têtes de bois qui comprennent
trop bien. Il est du bois dont on fait indifféremment des crosses de fusils ou
des cercueils, bois destiné la piétaille, bois des champs de bataille. Il est
du bois dont on fait commerce sur le marché de la chair à coton, du bois dont
on voit les veines, communément le bois d’ébène. Il est du bois dont on fait
les potences, dressées sur les places publiques. Bois d’injustice. Il est aussi
du bois dont on fait la hampe des drapeaux rouges. Rouge coquelicot, pour des
printemps futurs.
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