Marseille n’était pas un choix au hasard. Dans l’avion
qui le menait dans la cité phocéenne pour deux jours, le pape François avait
d’ailleurs prévenu : « J’espère avoir le courage de dire tout
ce que je veux dire. » Ces mots résonnaient déjà comme un prélude
au puissant du discours qu’il allait délivrer un peu plus tard, sans doute le
plus politique depuis le cri qu’il avait poussé lors de sa visite d’un camp de
migrants sur l’île de Lesbos, en 2021.
Ainsi donc, samedi matin, au palais du Pharo, en
clôture des Rencontres méditerranéennes, le pape a axé sa longue intervention
sur la crise migratoire qui secoue l’Europe après l’arrivée de milliers de
migrants sur l’île italienne de Lampedusa. Nous retiendrons que les
évocations de François, avec la fermeté qu’on lui connaît, avaient des allures
de messages subliminaux adressés directement à Emmanuel Macron et Gérald
Darmanin, présents sur place – l’un et l’autre se gardant bien d’applaudir
toutes les saillies du chef de l’Église…
Dénonçant le « fanatisme de
l’indifférence » et exhortant les dirigeants à « élargir
les frontières du cœur » pour dépasser les « barrières
ethniques et culturelles », le pape n’a pas mâché ses formules en
fustigeant les « nationalismes archaïques et belliqueux »,
appelant solennellement à une « responsabilité européenne ».
Selon lui, les migrants qui « risquent
leur vie en mer » pour gagner l’Europe « n’envahissent
pas, ils cherchent hospitalité » et ils « ne doivent
pas être considérés comme un fardeau à porter ». Avant
d’ajouter : « L’histoire nous appelle à un sursaut de
conscience pour prévenir un naufrage de civilisation. » Comment
l’exprimer mieux, précisément à Marseille, qui donna toujours « une
patrie à ceux qui n’en ont plus » ? Un écho au bien-fondé
universel de notre République.
En disant « stop » à la haine, le pape
réclame de l’intelligence et de la raison pour chasser les ombres du passé et
surmonter les épreuves de la peur, surtout devant cet « immense
cimetière » qu’est devenue la Méditerranée où a été « ensevelie
la dignité humaine ». L’heure n’est plus aux tergiversations. Les
migrants sont nos frères en humanité, nos frères de classe. Plus de 28 000
d’entre eux ont été déclarés « disparus en mer » depuis 2014…
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