lundi 25 septembre 2023

« Sans frontières, l’éditorial de Jean-Emmanuel Ducoin dans l’Humanité.



Marseille n’était pas un choix au hasard. Dans l’avion qui le menait dans la cité phocéenne pour deux jours, le pape François avait d’ailleurs prévenu : « J’espère avoir le courage de dire tout ce que je veux dire. » Ces mots résonnaient déjà comme un prélude au puissant du discours qu’il allait délivrer un peu plus tard, sans doute le plus politique depuis le cri qu’il avait poussé lors de sa visite d’un camp de migrants sur l’île de Lesbos, en 2021.

Ainsi donc, samedi matin, au palais du Pharo, en clôture des Rencontres méditerranéennes, le pape a axé sa longue intervention sur la crise migratoire qui secoue l’Europe après l’arrivée de milliers de migrants sur l’île italienne de Lampedusa. Nous retiendrons que les évocations de François, avec la fermeté qu’on lui connaît, avaient des allures de messages subliminaux adressés directement à Emmanuel Macron et Gérald Darmanin, présents sur place – l’un et l’autre se gardant bien d’applaudir toutes les saillies du chef de l’Église…

Dénonçant le « fanatisme de l’indifférence » et exhortant les dirigeants à « élargir les frontières du cœur » pour dépasser les « barrières ethniques et culturelles », le pape n’a pas mâché ses formules en fustigeant les « nationalismes archaïques et belliqueux », appelant solennellement à une « responsabilité européenne ».

Selon lui, les migrants qui « risquent leur vie en mer » pour gagner l’Europe « n’envahissent pas, ils cherchent hospitalité » et ils « ne doivent pas être considérés comme un fardeau à porter ». Avant d’ajouter : « L’histoire nous appelle à un sursaut de conscience pour prévenir un naufrage de civilisation. » Comment l’exprimer mieux, précisément à Marseille, qui donna toujours « une patrie à ceux qui n’en ont plus » ? Un écho au bien-fondé universel de notre République.

En disant « stop » à la haine, le pape réclame de l’intelligence et de la raison pour chasser les ombres du passé et surmonter les épreuves de la peur, surtout devant cet « immense cimetière » qu’est devenue la Méditerranée où a été « ensevelie la dignité humaine ». L’heure n’est plus aux tergiversations. Les migrants sont nos frères en humanité, nos frères de classe. Plus de 28 000 d’entre eux ont été déclarés « disparus en mer » depuis 2014…

 

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