Depuis ce début de semaine, Mayotte vit donc une « rentrée » si
particulière que décrire la réalité quotidienne des habitants s’apparente au
long récit, déjà saisissant, de jours sombres à venir. Dans le 101e département
français, pas moins de 300 000 de nos concitoyens sont confrontés en effet
à une étape supplémentaire dans la dégradation révoltante de leurs conditions
d’existence. Les Mahorais voit désormais leur accès à l’eau coupé deux jours
sur trois. Les perspectives s’annoncent terrifiantes : la situation
pourrait durer plusieurs mois…
Ces nouvelles restrictions, absolument drastiques,
viennent s’ajouter à toute une série de mesures mises en œuvre depuis le début
de l’été. Le dérèglement climatique, ainsi qu’une gestion locale calamiteuse de
la ressource en eau cumulent les effets dévastateurs. Face à une sécheresse
historique, le ministre des Outre-mer, Philippe Vigier, a promis la
distribution gratuite de 2 litres d’eau par jour aux plus vulnérables… Vous
avez bien lu. La colère monte sur l’île de l’océan Indien qui cumule déjà mille
maux. Une crise épouvantable s’annonce, alors que les habitants sont contraints
de stocker comme ils le peuvent le précieux liquide, avec tous les risques
sanitaires que cela comporte.
Cette situation catastrophique était pourtant
prévisible et tient à la gabegie des pouvoirs publics et des gouvernements
successifs. L’insuffisance chronique d’investissements publics dans l’entretien
des réseaux explique la perte d’un tiers de l’eau potable chaque
année ! Et où en est le projet de troisième retenue collinaire, qui aurait
permis d’augmenter la capacité de stockage en eau de l’île ?
Réponse : à l’état de projet depuis plus de vingt ans… Le sentiment de
révolte est à la hauteur du désastre. Car, en l’espèce, l’égalité républicaine
n’existe plus. À Mayotte comme en métropole, l’eau devrait être un bien commun
qui réclame une volonté politique sans faille. Pour mémoire, la France avait su
mobiliser des moyens considérables, il y a quelques mois, pour mener une
opération honteuse d’expulsion massive. Mais devant la détresse d’une population
confrontée à la soif, l’État ne promet que des bouteilles d’eau…
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