C’est dans l’entreprise que l’affrontement entre le
capital et le travail est le plus aiguisé. S’engager dans un syndicat pour
défendre ses droits et ses conditions de travail, y prendre des
responsabilités, cela n’est pas anodin. Si la lutte quotidienne est souvent
passionnante, enrichissante d’un point de vue humain, c’est aussi un frein
régulier dans une carrière et un motif de discrimination clairement établi,
notamment par la Défenseure des droits. C’est même risquer sa vie dans beaucoup
de régions au monde. Il faut donc saluer ces centaines de milliers de salariés
qui donnent de leur temps, parfois au détriment de leur vie personnelle, pour
s’occuper des autres.
La vulgate libérale alimente régulièrement l’idée que
les syndiqués seraient peu représentatifs des salariés et qu’ils seraient des
privilégiés. Caricature indécente de la part de ceux qui défendent le patronat,
qui a horreur que les salariés s’organisent pour défendre et gagner de nouveaux
conquis sociaux.
L’ancrage du chômage de masse, la précarisation et les
réformes néolibérales ont considérablement affaibli les conditions de travail
du salariat. Le gouvernement de la start-up nation a ainsi raboté le Code du
travail et, avec lui, l’exercice effectif des droits syndicaux dans les
instances paritaires, contribuant à émietter le salariat jusqu’à maintenant
l’ubériser.
La suite logique est donc maintenant d’enfoncer le
clou en s’attaquant à la liberté syndicale pour casser toute résistance,
d’autant plus que les luttes sociales restent fortes malgré le matraquage
idéologique. Salaires, retraites, conditions de travail : les motifs
ne manquent pas et l’intersyndicale
donne déjà rendez-vous
le 13 octobre.
Alors que la répression s’abat déjà sur les salariés,
il n’est plus rare, en plus des humiliations, de découvrir des systèmes
d’écoute, de fichage, des piquets de grève brisés violemment, voire des
syndiqués interpellés par la brigade antiterroriste. Une étape est franchie en
convoquant ce mercredi à la gendarmerie – une première depuis des décennies –
un dirigeant confédéral de la CGT, Sébastien Menesplier. Motif ? Des
actions syndicales ayant eu lieu à Annonay, ville du ministre actuel du Travail Olivier Dussopt, durant la
dernière mobilisation contre la réforme des retraites. C’est un signal clair
qui ne vise pas seulement un syndicat, celui de la FNME CGT, mais toute
l’action syndicale, et globalement toute contestation d’un pouvoir impopulaire.
Le message est limpide : ni grève, ni manifestation, ni syndicalisation !
Après les attaques contre les militants écologistes,
contre la Ligue des droits de l’homme, la démocratie sociale et la liberté
syndicale semblent être un obstacle pour ce gouvernement de plus en plus
libéral et autoritaire. Toutes les poursuites doivent être abandonnées contre
Sébastien Menesplier et tous les militants. Nous serons à leurs côtés. Nous
leur devons solidarité et soutien.
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