Imaginez une région entière touchée par les
restrictions d’eau courante. Plus de 300 000 habitants qui voient les robinets coupés deux jours sur trois pendant plusieurs mois, obligés de stocker comme ils peuvent le précieux liquide, avec tous les risques sanitaires que
cela comporte. Aucune dystopie derrière ce tableau. Ce quotidien sera bientôt
celui du 101e département de France : Mayotte. Confrontée à une sécheresse
record, l’île de l’océan Indien va devoir mettre en place, sur injonction de
la préfecture, des mesures drastiques à partir du
4 septembre. Au grand dam d’une population, dont les trois quarts vivent
sous le seuil de pauvreté, avec déjà le sentiment bien réel d’être méprisée et
oubliée des pouvoirs publics. Cette crise de l’eau – et les solutions extrêmes
envisagées, dans une large indifférence – ne peut, une nouvelle fois, que lui
donner raison.
La situation de l’eau sur l’île, qui dépend de la
pluie et de la dessalinisation, a toujours été compliquée. Et réclame des
investissements conséquents. Mais Mayotte n’est jamais une priorité budgétaire.
La preuve encore aujourd’hui. L’annonce vendredi dernier, après des mois de
sécheresse, du ministre chargé des outre-mer d’une rallonge de 8 millions
d’euros pour envoyer un appareil produisant de l’eau potable d’ici à novembre
arrive si tardivement… Tandis que la distribution de bouteilles lors des
coupures, procédé utilisé dans les communes privées d’eau de la métropole, est,
ici, écartée par le gouvernement, qui se contente d’un simple plafonnement des
prix des packs – à 5 euros les 6 litres. Trop cher pour nombre
d’habitants.
Où est désormais Gérald Darmanin ? En avril,
le ministre de l’Intérieur se démultipliait dans les médias, peaufinait
son image droitière de
premier flic avec l’opération « Wuambushu », visant à raser des bidonvilles et expulser des personnes en situation irrégulière. Aujourd’hui, face à la détresse d’une population confrontée à la soif, le voilà tout discret. Plus occupé à rêver de
destin présidentiel qu’à songer à l’avenir
climatique de Mayotte. Les Mahorais sauront lui rappeler. Ils n’ont pas besoin
de matraques et d’injonctions à l’ordre pour se sentir respectés. Mais de
soutien de l’État et de services publics.
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