vendredi 25 août 2023

« Déconstruction », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Emmanuel Macron est un récidiviste qui s’assume. En mai, à la suite d’une série de morts tragiques mais de nature incomparable, le président de la République s’était prêté à une analyse tronquée et dangereuse de ces événements en y voyant le signe d’une «décivilisation». Cette expression tirée du logiciel de l’extrême droite lui avait valu une salve de critiques. Sans effet. Dans le second volet d’un entretien fleuve accordé jeudi au Point, le voilà plaidant pour «reciviliser» la jeunesse émeutière, vengeresse, en rupture avec les «forces de lordre»«l’État», et «lautorité» en général. Le propos est assumé ; il transpire l’image éculée et raciste du sauvageon menaçant qu’il conviendrait d’éduquer selon l’esprit et la lettre des missions civilisatrices du colonialisme.

Pour le chef de la Macronie, la fracture avec les participants aux révoltes du mois de juillet relèverait d’ «un problème dintégration à la nation». Comme si l’État n’avait aucune responsabilité. Comme si la brutalité des politiques de ces trente dernières années n’avait pas déconstruit la République, altéré ses missions et abîmé sa devise au point de ne plus considérer comme égaux un nombre important de jeunes et de moins jeunes. Les «grandes» propositions avancées par Emmanuel Macron en cette rentrée ne sont pas de nature à apaiser les violences, à combler les injustices et les inégalités. En réduisant davantage les dépenses publiques, ou en préconisant l’autoritarisme et la stigmatisation sociale à l’école, le chef de l’État continue de souffler sur des braises ardentes.

Et que dire de son projet de loi sur l’immigration! En mangeant dans lassiette de lextrême droite, lhôte de l’Élysée nourrit lescalade xénophobe et sécuritaire. Cette stratégie conforte un Rassemblement national qui n’en demandait pas tant, en voyant ses thèses reprises jusqu’au plus haut sommet de l’État. Elle vient marcher sur les plates-bandes des «Républicains» qui ont fait des questions de limmigration et de linsécurité leur planche de salut. Emmanuel Macron occupe ainsi l’espace de la pire des manières, balayant d’un revers de main les angoisses sociales qui taraudent les Français.

 

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