Emmanuel Macron est un récidiviste qui
s’assume. En mai, à la suite d’une série de morts tragiques mais de
nature incomparable, le président de la République s’était prêté à une
analyse tronquée et dangereuse de ces événements en y voyant le signe
d’une « décivilisation ». Cette expression tirée
du logiciel de l’extrême droite lui avait valu une salve de critiques. Sans
effet. Dans le second volet d’un entretien fleuve accordé jeudi au Point,
le voilà plaidant pour « reciviliser » la jeunesse émeutière, vengeresse, en
rupture avec les « forces de l’ordre », « l’État », et « l’autorité » en général. Le
propos est assumé ; il transpire l’image éculée et raciste du
sauvageon menaçant qu’il conviendrait d’éduquer selon l’esprit et la
lettre des missions civilisatrices du colonialisme.
Pour le chef de la Macronie, la fracture avec les
participants aux révoltes du mois de juillet relèverait d’ « un problème d’intégration à la nation ». Comme si l’État n’avait aucune responsabilité. Comme
si la brutalité des politiques de ces trente dernières années n’avait pas
déconstruit la République, altéré ses missions et abîmé sa devise au point
de ne plus considérer comme égaux un nombre important de jeunes et de moins
jeunes. Les « grandes » propositions avancées par Emmanuel Macron en cette rentrée ne sont
pas de nature à apaiser les violences, à combler les injustices et les
inégalités. En réduisant davantage les dépenses publiques, ou en
préconisant l’autoritarisme et la stigmatisation sociale à l’école,
le chef de l’État continue de souffler sur des braises ardentes.
Et que dire de son projet de loi sur l’immigration ! En
mangeant dans l’assiette de
l’extrême droite, l’hôte de l’Élysée nourrit l’escalade xénophobe et sécuritaire. Cette stratégie conforte un Rassemblement national qui n’en demandait pas tant, en voyant ses
thèses reprises jusqu’au plus haut sommet de l’État. Elle vient marcher
sur les plates-bandes des « Républicains » qui ont fait des questions de l’immigration et de l’insécurité leur planche de salut. Emmanuel Macron occupe ainsi
l’espace de la pire des manières, balayant d’un revers de main les angoisses
sociales qui taraudent les Français.
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