Le président
équatorien Guillermo Lasso laisse derrière lui un pays en état de
décomposition. Les élections générales du 20 août, qu’il a précipité pour
échapper à une possible destitution parlementaire, ont pour toile de fond une
insécurité systémique. Les assassinats politiques, dont l’exécution en pleine
rue du candidat centriste Fernando Villavicencio, donnent la mesure du
délitement démocratique. Le 17e état d’urgence décrété par un chef de l’État
détesté s’avérera, une fois de plus, inopérant face la spirale de violences qui
a, pour une part, motivé l’exil de 500 000 Équatoriens.
Coincé entre la
Colombie et le Pérou, principaux producteurs de cocaïne, le pays n’est plus
seulement une zone de transit de la drogue. Des organisations criminelles,
chevillées à de puissants cartels colombiens, mexicains, et européens, se
disputent le contrôle du territoire et les trafics en tout genre. La présence
du FBI, appelée à la rescousse par Guillermo Lasso, ne devrait rien changer. Le
narcotrafic prospère, les homicides ont quintuplé ces deux dernières années.
Cette brutale descente aux enfers n’est pas étrangère au démantèlement de
l’État. Les politiques d’ajustement de Lenin Moreno (2017-2021) puis de
Guillermo Lasso ont suivi à la lettre les orientations définies à Washington.
Les conquis sociaux hérités de la Révolution citoyenne de Rafael Correa (2007-2017)
ont été démontés un par un. L’investissement public réduit à néant a signé la
mise à mort des missions de l’État, des services publics. La paupérisation des
foyers, déjà confrontés aux affres de la dollarisation de l’économie, s’est
étendue.
Le crime organisé local et international a
tissé sa toile, partout où le chômage et l’absence d’avenir ont marqué le pas.
Les réformes impopulaires et la corruption structurelle jusqu’au plus haut
niveau de l’État ont fini d’entamer le peu de crédibilité des institutions. Le
tout sécuritaire prôné par certains candidats fera peut-être recette dimanche.
Mais sans résoudre les problèmes de fond. La droite mexicaine avait lancé une
guerre totale contre le crime organisé que la population a payée au prix fort.
Les cartels atomisés sont toujours là.
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