Il est une heure du matin. Couché dans son lit,
il contemple la bougie. Dans sa prison de verre, la protégeant des courants
d’air, cette jolie fleur d’argent dans son pot neigeux vacille mais
résiste toujours. Elle contemple ses multiples reflets dans les miroirs
trompeurs de son écrin et du joyau en vert émeraude qu’elle sublime. Elle
n’est plus seule cette nuit. Sa rayonnante amie résistera jusqu’au bout
de l’usure. Combien de temps ses clartés d’or jouant avec les ombres obscures
trembloteront-elles encore en enluminant les pages de son livre dont il ne
connaitra jamais la fin. C’est la dernière page de ce roman, la dernière
page de sa vie, il n’a plus la force d’en tourner une nouvelle. Combien
de temps résistera-il encore, il ne veut pas s’éteindre avant elle.
Inexorables, les aiguilles du réveil continuent leur route sereinement, sans
s’enflammer, sans chanceler. Le temps est un fleuve infini et impavide
dont nul ne peut arrêter le cours. Envoûté par cette flamme ardente comme
celle du calumet de la paix que les hommes n’arrivent pas à maintenir
bien longtemps allumé, son cœur rempli d’amour et de mélancolie, apaisé,
ralentit. La flamme tressaute, mollit, se meurt. Il s’éteint en paix riche des
pages tournées de sa vie. Au même moment dans le monde entier des flammes de
vie s’allument insouciantes et confiantes.
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