lundi 24 avril 2023

« Les casseroles et le président », l’éditorial de Maud Vergnol dans l’Humanité.

 


Emmanuel Macron ne pouvait envisager pire décor pour célébrer l’anniversaire de sa réélection. Embourbé dans un conflit social et une crise politique aiguë, sans majorité, conspué à chacun de ses –rares contacts avec les Français, atteignant des sommets d’impopularité, le locataire de l’Élysée est perché sur un trône d’où une majorité de Français comptent le faire redescendre. En décrétant une période de cent jours pour «apaiser» le pays, dans une allocution télévisée qui a viré au grand écran de fumée, le chef de l’État a lui-même acté l’impasse dans laquelle il a plongé le pays. Et ces cent jours risquent de se transformer en guerre d’usure, tant le pouvoir ne mise que sur le pourrissement de la situation. Comble de la maladresse, ou de la provocation, c’est le 14 Juillet qu’Emmanuel Macron a fixé rendez-vous aux Français…

Cette crise de régime, car c’en est une, démontre que, pour diriger un pays, il ne suffit pas seulement d’être élu au suffrage universel, mais bien de disposer d’une majorité au Parlement et d’un parti politique solide sur lequel s’appuyer. Deux éléments essentiels dont Emmanuel Macron est dépourvu. Bien sûr, ce dernier, et les intérêts financiers qu’il défend, ne rendra pas gentiment les armes. Et comme les sénateurs de droite l’ont démontré, il est probable que des majorités soient trouvées pour faire passer d’autres reculs sociaux et textes liberticides. Les deux vont désormais de pair sous le règne de MacronII, entre le soutien aux violences policières et les menaces de ses ministres à l’égard des contre-pouvoirs. Mais, cette fois, la méthode du bulldozer ne passe pas. Jour après jour, des actions symboliques se succèdent sur tout le territoire, avant un 1er Mai qui s’annonce historique.

Avec les concerts de casseroles, le président est obligé d’entendre l’explosion d’une colère sociale qui n’était jusqu’ici pour lui qu’un bruit de fond. En 2018, il avait admis être entré à l’Élysée un an plus tôt «par effraction». Il devrait sérieusement réfléchir aux circonstances qui len délogeront. Et à qui il en confiera les clés.

 

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