Emmanuel Macron ne pouvait envisager pire décor pour
célébrer l’anniversaire de sa réélection. Embourbé dans un conflit social et
une crise politique aiguë, sans majorité, conspué à chacun de ses – rares – contacts avec les Français, atteignant des sommets d’impopularité, le locataire de l’Élysée est
perché sur un trône d’où une majorité de Français comptent le faire
redescendre. En décrétant une période de cent jours pour « apaiser » le pays,
dans une allocution télévisée qui a viré au grand écran de fumée, le chef
de l’État a lui-même acté l’impasse dans laquelle il a plongé le pays. Et ces
cent jours risquent de se transformer en guerre d’usure, tant le pouvoir ne
mise que sur le pourrissement de la situation. Comble de la maladresse, ou de
la provocation, c’est le 14 Juillet qu’Emmanuel Macron a fixé rendez-vous
aux Français…
Cette crise de régime, car c’en est une, démontre que,
pour diriger un pays, il ne suffit pas seulement d’être élu au suffrage
universel, mais bien de disposer d’une majorité au Parlement et d’un parti
politique solide sur lequel s’appuyer. Deux éléments essentiels dont
Emmanuel Macron est dépourvu. Bien sûr, ce dernier, et les intérêts financiers
qu’il défend, ne rendra pas gentiment les armes. Et comme les sénateurs de
droite l’ont démontré, il est probable que des majorités soient trouvées pour
faire passer d’autres reculs sociaux et textes liberticides. Les deux vont
désormais de pair sous le règne de Macron II, entre le soutien aux violences policières et les menaces de ses ministres à l’égard des
contre-pouvoirs. Mais, cette fois, la méthode du bulldozer ne passe pas. Jour
après jour, des actions symboliques se succèdent sur tout le territoire, avant
un 1er Mai qui s’annonce historique.
Avec les concerts de casseroles, le président est
obligé d’entendre l’explosion d’une colère sociale qui n’était jusqu’ici pour
lui qu’un bruit de fond. En 2018, il avait admis être entré à l’Élysée un an
plus tôt « par effraction ». Il devrait sérieusement réfléchir aux circonstances qui l’en délogeront. Et
à qui il en confiera les clés.
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