La France, sa gastronomie, ses cathédrales, ses plages
et ses festivals. Vous êtes plutôt lyrique, jazz, pop, metal, baroque, chanson,
rock ? Plus de 5 000
festivals de musique vous accueillent chaque année, partout dans le pays, sur la place du village, en ville, sous chapiteau,
dans des lieux patrimoniaux, au milieu des champs. La France, terre de
festivals, clame le ministère de la Culture. Formidable, non ?
Flairant la bonne affaire, de nouveaux acteurs se sont
invités dans la partie ces dernières années. Et pas des moindres. Des
consortiums américains (AEG, Live Nation), mais aussi des milliardaires
très « made in
France » : Bolloré, Lagardère, Marc Ladreit de Lacharrière. Rachats de festivals, de salles de spectacles,
main basse sur les catalogues d’artistes…
Une véritable razzia sur la musique, les artistes et le public de plus en plus
racketté. À la richesse, à la variété de rendez-vous créatifs et inattendus,
viennent désormais se substituer des machines à cash qui s’imposent. D’un
festival l’autre, on retrouve jour après jour la même programmation, les mêmes
têtes d’affiche bankables pour attirer le chaland. Seule la recette compte.
L’entertainment est roi.
Un système ultralibéral décomplexé, qui capte les
subventions publiques mais se fiche pas mal du maillage territorial et de
l’accès à la culture. Tant pis pour les artistes qui ne sont pas dans les bons
catalogues, ils n’ont qu’à jouer dans la rue et se payer au chapeau. Tant pis
pour le public, parqué dans des fan-zones XXL, assommé de décibels, dans des
festivals au gigantisme inquiétant ou dans des salles surdimensionnées. Et tant
pis si, pour un concert de deux heures d’une star mondiale, ce sont plusieurs 35 tonnes
de matériel qui circulent sur les routes tous les jours de l’été. Dans ce
système-là, la musique devient un produit de placement. Les artistes, une
espèce en voie de disparition.
Face à cette dérégulation, à cette bulle festivalière
qui risque d’exploser à tout moment, le ministère de la Culture ne pipe mot. Ça
vous étonne ?
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