Jamais un gouvernement français n’avait compté tant
d’impudentes fortunes. Sur les 41 membres du cabinet Borne désignés en
2022, ils étaient 19 à s’afficher millionnaires – on en dénombrait 14 dans
le dernier gouvernement Hollande. L’Assemblée nationale ne compte aujourd’hui
que 5 ouvriers, soit 0,9 % de l’Hémicycle, alors qu’ils rassemblent 12 % de la population active ; 4,5 % des députés,
seulement, sont des employés (16 % de la population active). Comment, dans ces
conditions, la voix de celles et ceux qui travaillent, produisent les
richesses, tiennent le pays à bout de bras pourrait-elle être entendue,
respectée, prise en considération par ceux qui gouvernent ?
La morgue d’Emmanuel Macron et de ses ministres n’est
pas une posture : elle dit une position de classe. Celle de ces riches
convaincus que « la vie d’un entrepreneur est plus dure que celle d’un salarié », que « la meilleure façon de se payer un costard, c’est de travailler », que l’on croise dans les halls de gare « des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien », qu’il suffit de « traverser la rue pour trouver un travail » et qu’un « pognon de dingue » serait dilapidé dans la
protection sociale pourtant financée par les cotisations des salariés.
L’écœurement, le rejet massif que suscite aujourd’hui
la retraite à 64 ans ne se résument pas à cette contre-réforme : c’est bien plus grave. L’équation de cette crise politique ? Aucun système ne peut se perpétuer sans
fin en permettant à un patron – en l’occurrence
celui de Stellantis – de gagner en un an l’équivalent de 3 420 Smic. Tant que ça ne craque pas, on en rajoute, on continue, on accélère, on passe
en force : voilà la stratégie de ces extrémistes du
libre marché. Là, ça craque, et sérieusement. On ne tient pas éternellement une société à coups de mensonges
et de contre-feux, à coups de matraque et de grenades explosives, d’arrêtés
préfectoraux chaque jour plus grotesques. La colère est profonde. Elle ne se
tarira pas de sitôt. C’est qu’elle surgit des tréfonds d’un peuple qui tient
l’égalité et la liberté pour des principes fondateurs. Cela, les millionnaires
au pouvoir ne veulent ni l’entendre ni le comprendre. À leurs risques et
périls.
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