jeudi 27 avril 2023

« La pantalonnade des cent jours », l’éditorial de Cathy Dos Santos dans l’Humanité.



Élisabeth Borne n’avait pas grand-chose à dire, et cela s’est vu. Les grandes orientations de la feuille de route du gouvernement avaient déjà été tracées par l’Élysée et par les recommandations de la Commission européenne. La ligne rouge des 3% de déficit public sera respectée, le doigt sur la couture du pantalon. Les salaires resteront bloqués; le pouvoir dachat poursuivra la chute libre. Les embauches, pourtant indispensables dans l’éducation nationale et dans les hôpitaux, sont renvoyées aux calendes grecques. Quant aux retraites, la première ministre n’en a pas pipé mot. C’est pourtant la question centrale, le nerf de la crise politique. Elle aurait dû figurer en tête de l’agenda, alors que les Français continuent d’exiger le retrait d’une loi honnie.

Aucun geste, donc, pour apaiser une colère sociale incandescente. Au contraire. La locataire de Matignon, en service commandé, a osé prétendre que cette feuille de route avait pour ambition de «changer la vie des Français». Comment peut-on s’autoriser de tels propos quand la retraite à 64 ans va voler deux années de leur vie à des millions de travailleuses et de travailleurs? Cette déconnexion du réel est insupportable. Comment la main tendue aux «partenaires sociaux» dans le cadre du «nouveau pacte de la vie au travail» pourrait-elle trouver preneur, quand l’exécutif n’a réservé aux syndicats, jusqu’ici, que morgue et mépris? Non, la page des retraites nest pas tournée.

Les casserolades qui accompagnent chaque déplacement officiel, avant un 1er Mai qui s’annonce inédit, transforment les «cent jours dapaisement» en pantalonnade. On ne voit pas comment la minorité présidentielle pourra achever la législature. De l’aveu même ­d’Élisabeth Borne, elle recherche désespérément des majorités du côté de la droite pour tenter de sauver les meubles. Ce choix-là est la pire des options: il aggravera encore la fracture démocratique. La maison brûle et la Macronie souffle sur les braises. 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

ÇA PLEURE UN HOMME !

Un homme ne pleure pas, un homme réfléchit, il fait taire son cœur, il est impénétrable.   Voilà ce que disait le vieillard vénérable au c...