C’est un numéro bien vieilli depuis la toile de Jérôme
Bosch à la fin du XVe siècle. L’escamoteur, usant de son bagout,
détournait l’attention pour faire disparaître un objet ou quelqu’un. Ce lundi
soir, Emmanuel Macron avait à l’évidence l’ambition de faire disparaître la
question des retraites, après avoir de nouveau justifié sa réforme avec des
arguments en caoutchouc comme des pneus usés ne tenant plus la route pour avoir
trop servi. Point final d’un processus démocratique, feignait-il de croire,
avec la décision du Conseil constitutionnel. Circulez, il n’y a plus rien à
voir. On ne reviendra pas sur les images, que l’on croyait impossibles dans la
France d’aujourd’hui, de l’effarant dispositif policier de vendredi autour de
l’institution, mais sur le sentiment amer et largement partagé d’une sorte de
conjuration des « élites » contre le peuple. Fondée en droit peut-être, quand
bien même certains constitutionnalistes le contestent, la
validation de la réforme s’oppose à la volonté des trois quarts des hommes et
femmes du pays.
LE CHEF DE L’ÉTAT EST-IL BIEN CONSCIENT DU MAL QU’IL FAIT À LA FRANCE ?
Dans ces conditions, le numéro de lundi soir était
bien dérisoire. Emmanuel Macron parle de rassembler les Français, de redonner
de la cohérence à son action, de s’attaquer aux chantiers du travail, de la
réindustrialisation, de l’éducation, de la santé, de l’écologie. Cela quand il
voudrait acter la plus importante régression sociale, en France, depuis des
décennies. Rencontrer de nouveau les Français, comme pour les gilets jaunes,
pour quels résultats quand depuis des mois, littéralement enfermé dans sa
logique, il est par choix de classe, délibérément sourd et aveugle ? Il a aussi
parlé de pouvoir d’achat, de partage des richesses… Toute sa politique est
fondée sur des choix contraires.
On doit se demander et c’est une question d’une
extrême gravité qui engage l’avenir du pays, si le président est bien conscient
du mal qu’il fait à la France, à la démocratie, des risques que cela comporte
quand il amène à ce point à douter de la politique et des politiques. Les tours
de l’escamoteur sont éventés mais on a presque l’impression qu’il n’y a que lui
qui ne le sait pas. Aux forces vives de la nation de le lui faire entendre.
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