lundi 17 avril 2023

« L’escamoteur en échec », l’éditorial de Maurice Ulrich dans l’Humanité de demain



C’est un numéro bien vieilli depuis la toile de Jérôme Bosch à la fin du XVe siècle. L’escamoteur, usant de son bagout, détournait l’attention pour faire disparaître un objet ou quelqu’un. Ce lundi soir, Emmanuel Macron avait à l’évidence l’ambition de faire disparaître la question des retraites, après avoir de nouveau justifié sa réforme avec des arguments en caoutchouc comme des pneus usés ne tenant plus la route pour avoir trop servi. Point final d’un processus démocratique, feignait-il de croire, avec la décision du Conseil constitutionnel. Circulez, il n’y a plus rien à voir. On ne reviendra pas sur les images, que l’on croyait impossibles dans la France d’aujourd’hui, de l’effarant dispositif policier de vendredi autour de l’institution, mais sur le sentiment amer et largement partagé d’une sorte de conjuration des «élites» contre le peuple. Fondée en droit peut-être, quand bien même certains constitutionnalistes le contestent, la validation de la réforme s’oppose à la volonté des trois quarts des hommes et femmes du pays.

LE CHEF DE L’ÉTAT EST-IL BIEN CONSCIENT DU MAL QU’IL FAIT À LA FRANCE?

Dans ces conditions, le numéro de lundi soir était bien dérisoire. Emmanuel Macron parle de rassembler les Français, de redonner de la cohérence à son action, de s’attaquer aux chantiers du travail, de la réindustrialisation, de l’éducation, de la santé, de l’écologie. Cela quand il voudrait acter la plus importante régression sociale, en France, depuis des décennies. Rencontrer de nouveau les Français, comme pour les gilets jaunes, pour quels résultats quand depuis des mois, littéralement enfermé dans sa logique, il est par choix de classe, délibérément sourd et aveugle? Il a aussi parlé de pouvoir d’achat, de partage des richesses… Toute sa politique est fondée sur des choix contraires.

On doit se demander et c’est une question d’une extrême gravité qui engage l’avenir du pays, si le président est bien conscient du mal qu’il fait à la France, à la démocratie, des risques que cela comporte quand il amène à ce point à douter de la politique et des politiques. Les tours de l’escamoteur sont éventés mais on a presque l’impression qu’il n’y a que lui qui ne le sait pas. Aux forces vives de la nation de le lui faire entendre.

 

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