Tous les regards sont tournés vers lui. Ou plutôt vers
eux, ces neuf « sages de la rue Montpensier » – comme on les surnomme – qui composent le Conseil constitutionnel. Censure totale ? Partielle ? Validation ? De leur décision rendue ce vendredi sur la réforme des retraites dépend, pour une part, la mobilisation sociale entamée depuis janvier.
Rarement une telle attente aura pesé sur cet aréopage qui, le temps d’une
journée, tient dans ses mains l’avenir de millions de Français et celui du
quinquennat Macron.
Qu’attendre de ces délibérations secrètes ? Sur le
papier, les arguments de la gauche sont plus que convaincants. Une procédure législative opportuniste, des débats parlementaires tronqués et insincères, des articles sans rapport avec un « projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale »… L’esprit de la
Constitution a clairement été détourné par l’exécutif. Juridiquement, il serait fondé de déchirer ce
texte. Mais, on le sait, les décisions du
Conseil constitutionnel, en dépit du
vernis d’impartialité dont ses membres aiment à se parer,
revêtent également une dimension politique. Or, l’histoire nous montre que ces
anciens ministres et élus, nommés à discrétion et la plupart de droite,
privilégient rarement le versant social de la Constitution.
Espérons – sait-on jamais – que la pression populaire
historique les pousse à rééquilibrer la balance des contre-pouvoirs. Et à se
prononcer pour une censure complète. Si tel n’était pas le cas, leur décision,
de toute manière, ne marquera pas la fin du combat. Juste une étape. Contrairement
à ce que voudrait faire croire le gouvernement, la réforme, même validée, n’en
restera pas moins illégitime et profondément rejetée. Comme le rappellent les
opposants, d’autres leviers seront à activer. Et notamment le référendum
d’initiative partagée, sur lequel le Conseil constitutionnel doit également se
prononcer aujourd’hui. S’ils décident de s’y opposer, les « sages » prendraient
la lourde responsabilité de museler
l’expression démocratique. Et de piétiner eux-mêmes le texte fondamental qu’ils sont censés défendre…
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