vendredi 14 avril 2023

« Étape », l’éditorial de Laurent Mouloud dans l’Humanité.



Tous les regards sont tournés vers lui. Ou plutôt vers eux, ces neuf «sages de la rue Montpensier» comme on les surnomme qui composent le Conseil constitutionnel. Censure totale? Partielle? Validation? De leur décision rendue ce vendredi sur la réforme des retraites dépend, pour une part, la mobilisation sociale entamée depuis janvier. Rarement une telle attente aura pesé sur cet aréopage qui, le temps d’une journée, tient dans ses mains l’avenir de millions de Français et celui du quinquennat Macron.

Qu’attendre de ces délibérations secrètes? Sur le papier, les arguments de la gauche sont plus que convaincants. Une procédure législative opportuniste, des débats parlementaires tronqués et insincères, des articles sans rapport avec un «projet de loi de financement rectificative de la Sécurité sociale»… Lesprit de la Constitution a clairement été détourné par lexécutif. Juridiquement, il serait fondé de déchirer ce texte. Mais, on le sait, les décisions du Conseil constitutionnel, en dépit du vernis dimpartialité dont ses membres aiment à se parer, revêtent également une dimension politique. Or, l’histoire nous montre que ces anciens ministres et élus, nommés à discrétion et la plupart de droite, privilégient rarement le versant social de la Constitution.

Espérons – sait-on jamais – que la pression populaire historique les pousse à rééquilibrer la balance des contre-pouvoirs. Et à se prononcer pour une censure complète. Si tel n’était pas le cas, leur décision, de toute manière, ne marquera pas la fin du combat. Juste une étape. Contrairement à ce que voudrait faire croire le gouvernement, la réforme, même validée, n’en restera pas moins illégitime et profondément rejetée. Comme le rappellent les opposants, d’autres leviers seront à activer. Et notamment le référendum d’initiative partagée, sur lequel le Conseil constitutionnel doit également se prononcer aujourd’hui. S’ils décident de s’y opposer, les «sages» prendraient la lourde responsabilité de museler lexpression démocratique. Et de piétiner eux-mêmes le texte fondamental quils sont censés défendre…

 

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