Quoi qu’il advienne, ce vendredi 14 avril, dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel – censure un peu, beaucoup, à la folie, pas du tout –, Emmanuel Macron restera comme le coupable de son inique réforme des retraites. Un texte illisible et inadmissible, ayant pour conséquence une pénalité de deux années de travail supplémentaires pour des millions de citoyens, souvent cumulée à l’allongement de la durée de cotisation. Une méthode antidémocratique et méprisante, celle du passage en force avec les articles 49.3 et 47.1, alors que les Français, depuis janvier, se montrent ultramajoritairement contre et que les foules hostiles manifesteront une nouvelle fois ce jeudi dans plus de 300 villes. La crise sociale, devenue crise politique majeure, ressemble désormais à un tremblement de terre démocratique.
Dans le fond de l’air fétide, une impression de fin de
régime. Quel que soit le scénario choisi par les sages, de nombreux
macronistes, en coulisse, se disent lucides sur le « moment » et l’ampleur de la colère populaire, qui ne redescendra pas
de sitôt face aux injonctions surréalistes du pyromane de l’Élysée. À la
vérité, comment s’étonner que le prince-président se refuse à admettre la
réalité de cette crise sans précédent, lui qui a usé et abusé de son
autoritarisme jupitérien. Par son arrogance de classe, il a tout balayé – les
corps intermédiaires, la vie parlementaire, le peuple – en utilisant les moyens
les plus vils et les effets de la dramatisation, ce qui n’est évidemment pas le
signe d’une démocratie mature. Chez Macron, le terme même de « foule » prend ainsi
un autre sens et invisibilise les mobilisations et la démocratie sociale.
La nécrose du pouvoir et de l’exécutif irait, nous
dit-on, jusqu’au pourrissement des relations entre le président et sa première
ministre, qui a osé évoquer l’idée d’un « apaisement » et même d’une période de « convalescence ». Après avoir mis le feu au pays, quelle audace ! Macron n’est que le produit de sa politique. Toucher aux
retraites a joué en point d’accroche. Prenons bien la mesure de la situation. Et
écoutons le constitutionnaliste Dominique Rousseau, lorsqu’il déclare : « C’est à se demander si on n’arrive pas à la fin d’un cycle, celui de la Révolution française. » Rien n’est fini.
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