Il y aura toujours des femmes et des hommes pour
défier l’arbitraire et résister aux passions tristes.
Une menace qui ne passe pas. Si l’attaque de Gérald
Darmanin contre la Ligue des droits de l’homme suscite une telle inquiétude,
une telle émotion, c’est qu’elle cristallise tous les dangers qui guettent le
pays. Qu’un ministre de l’Intérieur, dans un contexte de poussée de l’extrême
droite, désigne une association comme un ennemi à abattre confirme que tous les
voyants sont au rouge. Un électrochoc pour les progressistes, qui ont répondu
massivement à l’appel de l’Humanité. 1 000 dirigeants et élus politiques de tous horizons,
intellectuels, artistes, responsables syndicaux et associatifs, viscéralement
attachés aux valeurs républicaines et à la défense des libertés publiques.
Gérald Darmanin connaît-il l’histoire de la LDH,
fondée pour défendre le capitaine Dreyfus et qui fut, tout au long du XXe
siècle, une des plus belles vigies de notre pays contre les guerres et les
attaques aux droits et libertés, des luttes anticoloniales à celles contre la
peine de mort ou pour l’avortement et la laïcité ? Aux heures noires de Vichy, son président, Victor Basch, juif, fut exécuté à 80 ans, ainsi
que sa femme Hélène, par la
milice de Touvier. Le prétendu « Comité national antiterroriste » acheva ses basses œuvres en déposant un écriteau inique sur leurs corps.
C’est cette histoire que souille le ministre de
l’Intérieur dans sa croisade contre le « terrorisme intellectuel de l’extrême gauche », selon ses
propres mots, empruntés à l’extrême droite. Les attaques contre la LDH sont toujours
intervenues dans des périodes sombres de notre pays. Et, comme toujours, ces
contre-pouvoirs sont d’abord frappés au portefeuille pour entraver leurs
activités.
La longue liste de signataires que vous découvrirez
dans nos colonnes démontre qu’il y aura toujours des femmes et des hommes pour
défier l’arbitraire et résister aux passions tristes. Pour s’élever contre les
injustices et veiller à nos libertés publiques. Depuis cette intimidation de
Gérald Darmanin, les soutiens et adhésions à la LDH ont afflué. Il a déjà
perdu. Le président de la République doit condamner publiquement les propos de
son ministre de l’Intérieur. Son silence est complice.
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