Depuis quinze jours, Gérald Darmanin déploie, avec une
gourmandise inquiétante, tout l’arsenal de la surenchère sécuritaire. Pendant
qu’Élisabeth Borne joue la montre en recevant – pour la forme – les
syndicats à Matignon, l’ambitieux ministre de l’Intérieur, lui, endosse le rôle
du pompier pyromane. Avec un zèle déplorable, il matraque l’espace public de
ses formules incendiaires empruntées à l’extrême droite, fait assaut d’une
mauvaise foi patente pour couvrir les violences policières, ignore les millions
d’opposants à la réforme des retraites en agitant le mistigri du « terrorisme d’ultragauche ». Une stratégie de la tension bien huilée que le
locataire de la place Beauvau a encore déroulée, mercredi, devant les
parlementaires, allant jusqu’à envisager – dans une énième provocation – la remise
en cause des subventions allouées à la Ligue des droits de l’homme. Tout un
symbole.
Ces manœuvres sont pathétiques. Gérald Darmanin ne
tire, malheureusement, aucune leçon des gilets jaunes et des multiples gueules
cassées. Enferré dans un déni irresponsable, il balaie toute idée de révision
de la doctrine du maintien de l’ordre à la française, dont une pléiade
d’associations et d’observateurs (Défenseure des droits, Conseil de l’Europe,
Nations unies…) pointent pourtant le caractère disproportionné et antidémocratique.
Cette dérive lui passe au-dessus du képi. Pour cause. Sa priorité à lui n’est
pas d’organiser la désescalade de la violence, l’encadrement raisonné des
cortèges. Mais, bien au contraire, de criminaliser cette lutte sociale à coups
d’arrestations préventives et de tonfa pour mieux en masquer le caractère
profondément politique et les revendications.
La réponse à ce processus répressif se joue, pour
partie, dans la mobilisation d’aujourd’hui. Son ampleur et sa constance sont la
meilleure arme à opposer à un exécutif aux abois qui rêve d’étouffer le débat
public par le mépris et par la poigne.
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