Emmanuel Macron, élu par défaut et flanqué d’un
gouvernement en faillite et en sursis, aurait pu faire profil bas. C’est du
moins ce que l’on était en droit d’attendre d’un président de la République
conscient de la crise profonde qui traverse la France. Une crise qu’il a
lui-même provoquée et qu’il assume, droit dans ses bottes, comme si des
millions de jeunes et de salariés n’étaient pas dans les rues depuis des mois,
comme si une majorité de l’opinion publique ne lui intimait pas l’ordre de
revenir sur une réforme inutile, illégitime, et injustifiable. Il a allumé la
mèche, soufflé sur les braises et croit pouvoir condamner le feu qui embrase le
pays. Les jacqueries ne sont jamais le fruit de « factieux » ni de « factions », pour reprendre
l’ignoble expression du locataire de l’Élysée. Les dirigeants de
l’intersyndicale, à qui il a opposé un bras d’honneur, n’ont cessé de le mettre
en garde. Qui sème le mépris et la misère récolte la colère.
LE LOCATAIRE DE L’ÉLYSÉE DÉFINITIVEMENT HORS-SOL
Retenons deux choses de la prestation télévisée du
chef de l’État dont les grévistes disaient qu’ils n’en attendaient rien, sauf
le retrait de sa réforme honnie. Tout d’abord, le déni de réalité. « Si les Français étaient vraiment en colère, je n’aurais pas été réélu », a-t-il péroré. Balayer d’un revers de la main des millions de votes pour
faire barrage à l’extrême droite et nier la puissance du rejet qu’il provoque,
démontrent à quel point le locataire de l’Élysée est définitivement hors-sol.
Eu égard à la fonction qu’il occupe, cette déconnexion est d’une extrême
gravité. Tout aussi inquiétant : la violence de ses propos à l’endroit des
plus pauvres et des plus précaires, coupables,
à ses yeux, des défaillances systémiques de l’économie et du monde du travail.
Le président n’est plus habilité à parler de la
légitimité du peuple. La meilleure démonstration reste encore cette neuvième
journée de mobilisation, à l’appel d’une intersyndicale unie, soudée comme
jamais. La répression aveugle et disproportionnée qui s’abat sur les opposants
à la réforme n’y change rien. Au contraire. Elle attise une juste révolte et
conforte la détermination d’une majorité agissante face à un pouvoir inique.
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