LES ÉTUDIANTS QUI SE MOBILISENT AUJOURD’HUI SONT À L’IMAGE DE L’ENSEMBLE DE
LA JEUNESSE DANS SA DIVERSITÉ.
L’histoire fait quelquefois des clins d’œil. Que la
mobilisation étudiante et de la jeunesse prenne de l’ampleur en ce début de
printemps ne va pas manquer de rappeler à certains un autre 22 mars.
Certes, une partie de la génération du printemps étudiant contre la société
gaullienne est celle qui, aujourd’hui, soutient le plus fortement la réforme
des retraites et Emmanuel Macron. Mais il faut bien reconnaître que cette
génération de mars 2023 qui met en cause la « start-up nation », qui refuse le mythe du « winner » et du
premier de cordée, a
quelques points communs avec celle qui voulait en finir avec une société
étouffante et corsetée. Des anciens d’ultragauche se sont reconvertis en
libéraux bon teint à tendance réactionnaire, les fameux boomers, mais l’envie
qui traversait cette jeunesse de renverser la table n’est pas réductible à ceux-là.
Tout comme cette génération qui se lève contre la retraite à 64 ans n’est
pas réductible aux influenceurs qui font leur beurre sur les réseaux sociaux.
À la différence de celle d’il y a plus d’un
demi-siècle, la génération d’étudiants qui se mobilise aujourd’hui est à
l’image de l’ensemble de la jeunesse dans sa diversité. Elle a d’ailleurs
beaucoup à voir avec une autre génération : celle qui s’est soulevée dans les banlieues en 2005. Celle de leurs parents,
donc. Une génération qui a
subi l’atomisation et la précarisation du travail, et pour laquelle la grève est souvent financièrement
impossible. Une génération qui a servi de terrain d’expérimentation aux
violences policières. Après les quartiers populaires et la France des
ronds-points, c’est au tour du mouvement contre les retraites de faire les
frais de cette stratégie qui repose sur le triptyque nasses, gaz lacrymogène,
arrestations musclées.
Si ce recours à la violence s’opère maintenant, c’est
que l’irruption de la jeunesse dans ce mouvement qui se durcit sans se
rabougrir inquiète le pouvoir, alors qu’il misait sur un effondrement après
l’adoption de sa réforme par le 49.3. À défaut de gagner l’opinion, le
gouvernement tente de lui faire peur. Après avoir agité le spectre du désordre
et du chaos à l’Assemblée, il compte bien faire croire que celui-ci est
désormais dans la rue.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire