Une fois de plus, les mots d’Emmanuel Macron lui sont
revenus en boomerang. Mercredi, il dissertait au JT de 13 heures sur la
tendance dans notre démocratie « à vouloir s’abstraire de la réalité ». Au lendemain de cette neuvième journée de
mobilisation contre la réforme des retraites, le chef de l’État devrait, au
moins, avoir la lucidité de s’appliquer ses propres analyses. La « réalité », c’est lui qui
ne veut pas la voir. Et sûrement pas
ces millions de Français, représentant une profonde volonté générale, descendus à nouveau dans la rue ce jeudi avec une détermination exemplaire. Face à un président qui ne peut qu’opposer déni, mépris et court-circuitages
démocratiques, la légitimité est définitivement de leur côté.
Le contraste est désormais saisissant. D’un côté, une
unité syndicale sans faille à l’appui d’une opinion publique largement acquise.
De l’autre, un Emmanuel Macron isolé et sans autre proposition que de souffler
sur les braises en rêvant d’un pourrissement du mouvement. La journée d’hier,
et le souci répété des leaders syndicaux de mener des actions non violentes,
montre que personne, espérons-le, ne compte lui faire ce cadeau. Au bout d’un
an de mandat à peine, le chef de l’État semble déjà en fin de règne. Incapable
d’apaiser et de donner un cap clair à son mandat autre que celui d’un
néolibéralisme rance, à courte vue, imposé à coups d’alliances politiques de
circonstance.
En imaginant que la mobilisation sociale va s’éteindre
comme par magie, la Macronie se voile la face. Derrière la contestation de la
réforme des retraites, c’est bien l’incapacité du chef de l’État à défendre et
à faire vivre l’intérêt général – seul à même de fédérer les
Français – qui est pointée. À l’entreprise de déconstruction du collectif
à laquelle s’astreint Emmanuel Macron depuis 2017, les manifestants opposent la
force du commun. Il le sait. Sa tentative de discréditer le mouvement en le
qualifiant de « foule » désincarnée et irrationnelle témoigne avant tout de
ses craintes. Et d’une volonté inquiétante de « s’abstraire de toute réalité ».
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire