À quelques semaines de la discussion sur le
projet de loi de finances pour 2023, le gouvernement ne pourra sans doute plus
arguer de la "bonne santé" financière des collectivités locales
constatée en 2021, pour repousser des demandes de soutien en leur faveur -
comme il l'avait fait lors des débats de cet été sur la loi de finances
rectificative. Car la situation financière du secteur public local connaît
cette année une "dégradation", qui, malgré son caractère
"modéré" - selon le qualificatif choisi par le directeur des études
de la Banque postale - n'en est pas moins réelle.
Il en ressort que l'embellie de 2021 a été de courte
durée. Le secteur local est désormais aux prises avec un "effet
ciseau" qui rappelle les pires moments du quinquennat de François Hollande.
Les collectivités locales avaient alors dû encaisser le choc de la baisse des
dotations, sans avoir eu le temps d'engranger le bénéfice des politiques visant
à maîtriser leurs dépenses de fonctionnement.
Les collectivités locales ressentent en effet durement
les effets de l'inflation. Globalement, leurs dépenses de fonctionnement
grimperaient cette année de 4,9% - un taux d'évolution qui n'a pas été
enregistré "depuis près de 15 ans" - pour atteindre 213,5 milliards
d'euros. Dans le détail, les charges à caractère général (54,1 milliards
d'euros) s'envoleraient de 11,6%, notamment sous l'effet de la hausse des prix
de l'énergie et des matières premières. Les frais de personnel, qui
représentent une dépense de 75,2 milliards d’euros, connaîtraient quant à eux
une croissance de 4,1%, du fait des diverses revalorisations salariales (en
particulier la hausse du point d'indice au 1er juillet).
Mais, à l'heure de la flambée des prix de l'énergie,
toutes les collectivités locales ne sont pas logées à la même enseigne. En
effet, les factures qu'elles consacrent à ce poste varient beaucoup d'une
catégorie de collectivité à une autre. En 2021, les régions ne déboursaient en
moyenne que 2 euros par habitant, mais la facture était 5 fois plus élevée pour
les intercommunalités à fiscalité propre (environ 10 euros par habitant). Le
maximum était atteint par les communes. Parce qu'elles gèrent de nombreux
équipements et services, elles ont consacré l'an dernier 44 euros par habitant
au poste énergie. Un montant moyen qui, il faut le préciser, masque des
disparités. Davantage affectées par les "charges de centralité", les
communes de 3.500 à 30.000 habitants ont dépensé en matière d'énergie en
moyenne 48 euros par habitant, contre 38 euros pour les communes de plus de
100.000 habitants et 43 euros pour celles de moins de 500 habitants.
On ne s'étonnera donc pas que l'explosion de la
facture énergétique puisse faire bondir les charges à caractère général des
communes. La Banque postale s'attend à une hausse de près de 15% de ce poste,
qui représente plus de 20 milliards d'euros et un quart des dépenses de
fonctionnement des communes.
Au total, les finances des différentes collectivités
présentent des états de santé, singulièrement différents. Les régions ont des
couleurs avec une épargne brute qui doit rebondir de 5%, tandis que les
départements limitent la casse (leur épargne brute ne doit reculer que de
0,5%). Mais le bloc communal essuie un coup dur. Singulièrement les communes :
leur épargne brute devrait reculer de 11,3%. Pour elles, le choc sera donc
probablement supérieur à celui qu'elles avaient connu en 2020, du fait de la
crise liée au Covid-19. Cette année-là, l'épargne brute communale s'était
repliée de 8,5% (budgets principal et annexe consolidés).
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