Je m’appelle Colombe. J’aime bien mon
prénom. C’est un nom d’oiseau blanc comme celui de ma jumelle Palombe et de mon
frère Corneille. Les gens s’imaginent que je suis blancheur et perfection
personnifiées et ne me pardonnent rien, encore moins la couleur de ma peau. Ni
blanche, ni noire, ni grise, je suis métisse, enfin marron et blanche. Ma mère
est colombienne et mon père péruvien ! Avez-vous déjà vu une colombe une vraie
(pas un pigeon) couleur café crème. Ce qui ne vous tue pas vous rend plus
forte. J’ai gagné en volonté et en combativité. Ma sensibilité se cache sous
une indifférence apparente. Éprise de paix et de justice, je défends souvent
les causes dites perdues. Aider les autres, les conseiller quand ils sont dans
la difficulté ou la peine sont mes moteurs dans la vie. Je fais tout pour me
faire aimer, mais peut-on aimer une icône sans la jalouser ? Claustrophobe,
j’ai besoin de grands espaces et de liberté. J’aimerais tant voler comme
l’oiseau et j’y arrive en faisant pendant les vacances du deltaplane, dans mes
Pyrénées à Sainte Colombe. J’aurais aimé faire des études, mais petit oiseau
tombé du nid trop vite, je n’ai pas pu. J’ai dû trouver rapidement du travail.
Factrice, je suis ainsi fidèle à mon image de messagère. J’apporte parfois
l’amour, le bonheur, mais bien souvent aussi le malheur et les difficultés.
Surtout être libre dans la journée sans personne derrière mon dos à me
contrôler est une chance. J’aimerais néanmoins me libérer complètement du joug
de l’entreprise. J’ai épousé il y a dix ans Pierre et, depuis, je suis depuis
la colombine de mon Pierrot. Le reste de l’année, nous vivons tout près de
Paris dans un pavillon à Colombage à Colombes, rue de la paix : une adresse
prédestinée. ! Je ne l’ai pas fait exprès. Le pur hasard existe-t-il ?
Peut-être ai-je voulu goûter au café-crème des bistrots de Colombes ? Le doute
m’habite, c’est ma philosophie contrairement à ma jumelle palombe que je
surnomme « pas l’ombre d’un doute » tant elle est assurée d’avoir toujours
raison. Quant à Corneille, mon frère, il passe son temps à bayer aux corneilles
en regardant le ciel dans la journée et la lune la nuit comme mon Pierrot.
J’écris des poèmes, mais je ne suis pas poète. Ces derniers sont des musiciens
qui savent nous enchanter et nous émouvoir juste par la magie de l’association
des mots. Ils n’ont pas grand-chose à nous raconter et nous font jouir de la
beauté d’un instant, d’une sensation fugace, de leurs émotions. Les poèmes qui
ne racontent rien m’ennuient. Je pense que c’est pour cela que la poésie ne se
vend pas bien. C’est ludique de faire chanter les mots avec le fol espoir
d’amuser et surprendre. Je suis bavarde comme une pie, j’ai toujours quelque
chose à écrire, une cause à défendre, des histoires simples fleurant bon la vie
à narrer où chacun peut se reconnaître ou à défaut rêver. J’ai toujours appris
de manière empirique. Pour pouvoir monter les échelons à la Poste, il faudrait
que je retourne à l’école. Non, je ne retournerai pas à l’école, il y a
longtemps que la cage est vide et que l’oiseau s’est envolé. Après celles de
l'école, puissent bientôt les portes de ma prison entreprise s’ouvrir. Cette
pensée me fait chantonner à voix basse le refrain de la chanson de Pierre
Perret :
« Ouvrez, ouvrez la cage aux Oiseaux,
Regardez-les s’envoler, c’est beau »
QUAI DES RIMES
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