mardi 12 avril 2022

Et si on prenait un peu de hauteur !

 


Depuis hier, les messages et commentaires lus sur la toile sont affligeants. Je ne m’attarde pas sur les propos maniés par les professionnels de l’invective et de l’injure. Une idée, une seule revient en boucle : Si Jean-Luc Mélenchon n’est pas au second tour c’est de la faute du PCF, du PS et d’EELV. Avec le renfort de Ségolène Royal, d’ailleurs largement remerciée pour cette magistrale sortie : « C’est de la faute des nains si Mélenchon est éliminé ». Pas le moindre effort d’analyse pour rappeler qu’il y a tout de même 13 millions d’abstentionnistes et un demi-million de votes blancs. Non, il fallait que « les nains » se rallient. Comme si nous devions nous plier à la proclamation d’un parti unique. Et puisqu’ils ne l’ont pas fait, on retrouve largement ce type de réflexions : « plus jamais avec le PCF, le PS et EELV ». N’est-il pas nécessaire de prendre un peu de hauteur, du recul, réfléchir, tenter de mettre un peu d’ordre dans ses idées.

D’abord pour penser au second tour. La gauche, toute la gauche est face à une responsabilité historique, celle de ne pas laisser notre pays aux mains de l’extrême droite qui n’aura jamais recueilli autant de suffrages. Nourrie qu’elle est, tout à la fois, par la désespérance sociale, et un président-candidat s’efforçant depuis cinq années d’enfermer le débat dans un funeste duo avec le Rassemblement national.

En second lieu, il nous faut garder les yeux grands ouverts sur les résultats de ce premier tour. Comment ne pas s’interroger, lorsque les trois candidats, arrivés en tête, réunissent souvent 80, voire 85% des voix sur leurs noms ? Jamais la pression d’un vote « utile », ne s’était exprimée avec autant de force. Il a joué à plein en faveur de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, de la part d’électrices et d’électeurs de sensibilité communiste, socialiste ou écologiste. Il y a donc bien une différence notable entre un vote d’adhésion et un vote qualifié « d’utile ».

Tout cela s’est joué dans les dernières heures de campagne, parfois dans l’isoloir. Il faut savoir entendre avec bienveillance et attention ces communistes, ces électrices et ces électeurs qui nous disent : « j’ai toujours voté communiste, je continuerai, mais je ne voulais pas un second tour Macron/Le Pen ». Un de ces camarades s’est confié à moi. Il m’a dit : « J’ai fait campagne pour Fabien Roussel, dont la campagne fut belle et heureuse, mais au dernier moment constatant sa dynamique dans les sondages, j’ai voté Mélenchon parce que je ne voulais pas voir rejoué le même scénario qu’en 2017. Sachons entendre ces camarades, ces ami-e-s.

L’élection du président de la République au suffrage universel est un terrible laminoir pour la démocratie, pour l’expression d’opinions différentes. Les débats, les projets se trouvent écartés au bénéfice d’une personnalisation poussée jusqu’à la démesure. Je reste pour ma part attaché à l’expression des divers courants de pensée de la gauche et des écologistes et qu’il n’est au pouvoir de personne de l’empêcher.

Cependant il faudra bien, le moment venu, que nous nous penchions plus sérieusement sur ce scrutin présidentiel. Pour ma part  je suis partisan de la suppression du suffrage universel pour l’élection du président de la République et de redonner la primauté au Parlement. J’entends celles et ceux qui se disent attachés au scrutin actuel. J’ai lu que Jean-Luc Mélenchon ne jugeait pas incompatible une sixième République avec l’élection d’un président au suffrage universel. Il conviendrait tout de même de changer quelque chose, pour sortir d’un présidentialisme meurtrier. On peut aussi, en gardant l’élection au suffrage universel, en modifier les contours. Pourquoi ne pas imaginer que les candidats ayant obtenu, par exemple 10% puissent se maintenir au second tour ? Des accords pouvant être imaginés entre eux ? En tout cas, le temps est venu d’y réfléchir sérieusement.

J’en termine pour évoquer les élections législatives des 12 et 19 juin. J’ai lu et j’y adhère, qu’il était possible d’élire un grand nombre de député-e-s de la gauche et de l’écologie pour résister à Macron et à Le Pen. À condition de bien y intégrer une idée : « Le premier tour des présidentielles et ses résultats ne sont pas transposables pour les élections législatives ». Nous en avons fait l’expérience en 2017.

« La force est ici » a dit Jean-Luc Mélenchon, évoquant les résultats de l’Union Populaire. S’agirait-il de se rassembler autour de ce pôle, ou bien de se constituer en force utile pour toute la gauche ? Si la France Insoumise veut conserver ses circonscriptions, en gagner d’autres, il leur faudra tendre la main pour de bon aux autres formations de gauche qui restent, c’est une évidence, mieux implantées dans les territoires. Ils ne doivent pas non plus faire l’impasse sur une des leçons du premier tour des présidentielles : « Leur score du 10 avril est aussi le fait d’un vote utile en leur faveur à gauche. Il n’est pas nécessairement synonyme d’adhésion.

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