Voir partir un
ami c’est devoir supporter de n’avoir plus sa voix au creux de notre oreille, à
murmurer ces mots pourtant si familiers et qui disaient l’espoir après des
nuits de veille. C’est se retrouver nu sur le bord de la route sans le berger
aimant qui veillait sur nos pas, comme un guerrier perdu d’une armée en
déroute, désemparé soudain à l’issue d’un combat. Voir partir un ami c’est
perdre un peu de soi. Un peu de ce miroir qui lisait nos erreurs, ces moments
de folie, ces envies, ces émois, et ces chansons sucrées qui unissaient nos
cœurs. C’est chercher vainement aux pages d’une histoire ce chapitre si beau
souvent lu et relu, ou une étoile au ciel dans une nuit trop noire, danseuse
hier encore, aujourd’hui disparue. Voir partir un ami c’est un chant comme un
cri, un appel déchirant sur des notes d’amour. Une larme de feu glissant sur
notre vie qui coule sans répit jusqu’à la fin des jours.
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