Le nez à ma fenêtre, ce matin j’ai vu l’écureuil. Il venait du
jardin voisin. Il a grimpé le long du noisetier, sauté sur une branche si fine
que j’ai cru qu’il allait tomber, il a enjambé un rosier pour s’accrocher au
tronc solide du sapin dont il a franchi les branches sans s’arrêter pour
atterrir dans le jardin de l’autre voisin… j’ai pensé à toi, tu aurais aimé
qu’on l’admire ensemble. Le jardin est rendu à sa vraie nature de brise
silencieuse et l’écureuil se croit en pleine forêt. Aujourd’hui chaque bruit
est avalé par la prescription : « Restez chez vous ». Dans le
lointain, un train s’éloigne portant un chapitre du passé auquel les voyageurs
s’accrochent, recouvert d’une autre vie qui prend toute sa place auprès des
arbres ; une vie de confinement. Les branches
craquent, les feuilles mortes crissent. Seuls, quelques oiseaux clament leur
liberté d’expression ! En automne, le jardin sent le malheur des arbres
dans sa chair et cette fois, peut-être, le malheur des hommes. L’odeur
lourde et âcre de la mort. Un méchant virus ? Vous êtes sûr ?
Ou bien est-ce mon inquiétude ? Je marche dans les
allées, je parle aux arbres, avec eux. Il paraît que les arbres communiquent,
partagent leurs émotions, leurs peurs, leurs douleurs. Préviennent leurs
compagnons des dangers qui menacent la petite planète du jardin où ils vivent.
Que se disent-ils aujourd’hui ? Les hommes malades sont hospitalisés. Les
bien portants sont confinés, comme les arbres d’un jardin, souffrants ou
non : « Confinés » par nature. Nous devrions prendre modèle sur
eux. Écoutez leur souffle : « Enracinés, nous prenons notre temps à pleines
mains à pleines gorgées, le reste, on ne le connaît pas… Prenez donc le temps à
mains ouvertes à gorges déployées, le reste, vous ne le connaissez pas ». « Rentrez
chez vous ! » Laissez ramper vos racines dans les
profondeurs du sol de vos vies, offrez vos bras au ciel, tendez vos mains vers
la lumière ; de vos doigts, touchez le vent, délicatement, pour saisir la
musique du temps.
mardi 8 février 2022
Nouvelle : « L’écureuil »
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