De conseils de défense en conférences de presse, le pouvoir tient régulièrement le pays en haleine pour tantôt annoncer des demi-mesures, tantôt dire le contraire de ses déclarations de la veille, ou encore ne rien dire !
On se
souvient que le ministre de la santé affirmait doctement le 15 décembre dernier
que « la circulation du variant était maîtrisée en France ». Il eut été plus
efficace de créer, le jour même, un dispositif de précaution. Cette fois, face
au raz de marée du variant Omicron, parce qu’il prépare la campagne du
candidat-président, c’est encore la stratégie de l’autoritarisme-libéral et du
contrôle social qui est choisie, avec le « un passe vaccinal » en lieu et place
du passe sanitaire.
Pour la
douzième fois, le gouvernement veut faire voter en urgence un texte qui n’a pas
le courage de dire sa vérité : soit la vaccination obligatoire soit le
confinement de celles et ceux qui ne se vaccinent pas.
Ajoutons que
ces derniers sont désignés boucs-émissaires d’une crise de l’hôpital public qui
a commencé bien avant l’apparition de la Covid et ses variants.
C’est la pire
des stratégies. Celle-ci divise et oppose entre eux nos concitoyens alors que
pour faire face à la pandémie il serait plus efficace de les rassembler et de
les solidariser. La vaccination est nécessaire, mais l’imposer sans véritable
confrontation publique, sans y associer le parlement, les élus et les
scientifiques ne fait qu’amplifier la défiance vis-à-vis de la parole publique
comme de la science.
Ajoutons
qu’il est pour le moins curieux qu’après la conférence de presse du Premier
ministre, chacun des ministres vient s’exprimer pour renforcer les dispositifs
de contrôle sans concertation, ni vote. Les restaurateurs ou les organisateurs
d’événements deviennent des supplétifs de la police pour la vérification des
pièces d’identité.
Comment
affronter une telle pandémie en rognant les libertés publiques ? Comment
affronter une telle pandémie, dont les évolutions fluctuent, sans faire vivre
la démocratie participative ? Les revirements, les contradictions et
contorsions ne contribuent pas à l’engagement de tous nécessaire en pareil cas.
La loi
soumise au parlement ne dit rien des investissements nécessaires pour le
système de santé et les hôpitaux. Aucune mesure non plus pour les médecines de
ville, scolaire et du travail. Pas de retour à la gratuité des tests, pas un
sou pour la fourniture de masques de meilleure qualité aux personnels
soignants, rien pour les enseignants envoyés au front pour assurer, sans moyen
supplémentaire, la sanctuarisation de l’école.
Rappelons que
9 millions de personnes n’ont pas de médecin référent. Ceci ne facilite pas
l’information sur les vaccins et la vaccination elle-même. Le nouveau texte de
loi est également silencieux sur la nécessité de doter les lieux d’accueil du
public, particulièrement les écoles, en capteur de gaz carbonique et de
ventilation.
Fort de cette
douloureuse expérience, il conviendrait d’ailleurs de repenser les bâtiments
scolaires et équipements publics en les dotant dès leur construction de ces
instruments de mesure qui ne valent pas que pour lutter contre le virus Covid
19. Rien non plus, aucune action, pour aller vers les 13% de personnes de plus
de 80 ans toujours non vaccinées.
Rien encore,
pas un mot, sur un engagement de la France pour la levée des brevets sur les
vaccins, condition indispensable de l’accès de tous les êtres humains aux
traitements.
Or, rien ne
sert de multiplier ici les injections de dose de rappel alors qu’ailleurs sur
la planète, le virus mutant continue de galoper.
Pourtant ce
sont ces actes fondamentaux qu’il s’agit d’engager. Faute de le faire, rien ne
dit que le gouvernement ne soit pas contraint de décider de nouvelles
contraintes dès le 5 janvier prochain.
En effet, des
informations qui parviennent de New-York, de Londres et aussi de plusieurs de
nos régions laissent entrevoir un possible tsunami. Une étude écossaise datant
du 22 décembre montre que les cas de réinfection de personnes immunisées
étaient dix fois plus nombreux avec le variant Omicron comparé à la
contagiosité du variant Delta.
Le nombre
d’hospitalisations ne cesse de progresser. Les enfants hospitalisés sont de
plus en plus nombreux. Et, parmi les centaines de milliers de personnes qui risquent
d’être détectées chaque jour, des dizaines iront alourdir le nombre de celles
et ceux qui malheureusement sont déjà hospitalisées.
Les choix
d’austérité de ces dernières années se payent donc extrêmement cher au moment
où les hôpitaux sont en situation de saturation et les personnels hospitaliers
à bout de souffle faute d’être en nombre suffisant.
Que ce
pouvoir, qui a fermé en pleine pandémie 5 000 lits, ne se lave pas les mains de
cette situation. Lui qui décide de nombreuses restrictions et obligations pour
les citoyens est comptable des obligations de moyens de l’État. Convaincre est
toujours plus efficace que contraindre.
Patrick Le
Hyaric
30/12/2021
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