L’ivresse qui a envahi Beit Aghion, la résidence officielle du premier
ministre israélien, Benyamin Netanyahou, emporte tout avec elle. Les
suprémacistes pourraient même se retrouver à court de champagne tant les
perspectives qui s’ouvrent leur font tourner la tête. Gaza écrasée, Donald
Trump de retour à la Maison-Blanche… un tel alignement des planètes relèverait
presque de l’aubaine.
La paix au Moyen-Orient. Donald Trump n’a que ce mot à la bouche. Elle n’a
chez lui que des relents d’annexion des territoires palestiniens. Elle écrase
tout sur son passage pour mieux servir les desseins de l’extrême droite. Le
ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, ne s’y est pas trompé. Une
telle occasion ne se représentera peut-être pas pour l’annexion de la
Cisjordanie occupée, une région qu’il connaît bien pour la coloniser lui-même.
Les bulldozers de l’armée ont commencé le travail et les appels d’offres
attendent d’être lancés.
À Washington, la fumée blanche se dégage, donc. Contrairement à 2016,
Donald Trump est préparé à l’exercice du pouvoir. Les noms des personnalités
qui composeront son administration n’ont pas tardé à tomber. Le nouveau chef de
la diplomatie n’est autre que Marco Rubio. Le même avait parlé d’« animaux
féroces » après le 7 octobre. Pour celui qui l’endosse, la
déshumanisation de l’ennemi vaut déjà abandon de sa propre humanité. De
l’Arménie au Rwanda, elle présage toujours le massacre à grande échelle.
À l’instar de Smotrich et Rubio, le futur ambassadeur des États-Unis en
Israël, le messianiste Mike Huckabee, chérit les références bibliques. Au nom
de Cisjordanie, il préfère celui de « Judée et Samarie ». Renommer un
territoire, c’est déjà se l’approprier. En l’espèce, l’annexion ne signifie
rien d’autre que l’apartheid de jure et de facto. La France, comme d’autres,
sera tenue comptable de ses silences et de ses complicités. Elle peut encore se
ressaisir. L’établissement d’un État palestinien dans les frontières de 1967
est le seul levier qu’offre le droit international pour garantir la
paix. Il n’est pas trop tard.
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