Son camp n’est plus, pour reprendre les mots de Sartre, qu’un « cadavre
tombé à la renverse et qui pue », mais cela n’ôte rien de sa
morgue à l’hôte de l’Élysée. Emmanuel Macron est content de lui. Il
jauge avec satisfaction son bilan. Il accumule les promesses comme
s’il n’était pas au pouvoir depuis sept ans. Il toise de
haut « le système des partis » qui tiendrait « le
pays en capture », lui qui jubile d’imposer son calendrier fou par le
fait du monarque républicain. Il se dit sûr que le coup de dés de la
dissolution peut conforter son « bloc
démocratique et européen » pourtant en
ruines. Tout un pays plongé dans l’insécurité sociale le désavoue :
il n’en a cure. Ce pyromane n’a pour stratégie que l’excitation des peurs
et des divisions, les scénarios florentins de ses hommes de cour.
Emmanuel Macron croit encore pouvoir se poser en seul recours contre
des « extrêmes » renvoyés dos à dos. Il se
défend de donner par ses agissements les clés du pouvoir à l’extrême droite. Sa
responsabilité dans l’ascension en France d’une force néofasciste prête à
prendre les commandes est pourtant accablante. Celui qui parle de la
nation comme d’un « tout organique », n’a que le
mot « décivilisation » à la bouche, appelle « la
France à rester la France » n’a cessé
de conforter l’extrême droite en adoptant sa langue. La loi
immigration défendue par sa majorité a inscrit dans le droit les obsessions
racistes du clan Le Pen. Ses choix répressifs ont installé
un climat liberticide qui peut précipiter demain tous les
basculements autoritaires. La guerre sociale qu’il livre aux plus
modestes, la démolition méthodique des services publics, les conséquences
désastreuses de ses politiques économiques ont offert au RN le plus fertile des
terreaux.
En faisant de la gauche unie sa cible, son épouvantail, il ne fait que
hâter davantage la venue de l’immonde. Bardella et Le Pen ont
pris la tête du camp de la conservation. Déjà, la logique de
survie des privilèges prépare tous les ralliements. En 1936,
Paul Vaillant-Couturier, figure du Front populaire, voyait dans les fascistes
ceux qui « tendent à consolider ce qui est mort, ce qui croule et
ce qui, du passé, empeste déjà ». Le peuple de France est capable du
pire comme du meilleur. Il peut encore, dans cette obscure impasse,
choisir la vie.
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