Qu’il fait bon vivre pour le grand patronat sous les quinquennats
d’Emmanuel Macron. La fiscalité généreuse du locataire de l’Élysée avec son lot
d’exonérations y est pour beaucoup. Les profits battent des records, les
salaires sont indécents et les dividendes faramineux ruissellent pour les
actionnaires.
Comme si cela ne suffisait pas, le camp présidentiel redouble d’efforts
pour devancer les moindres desiderata de l’oligarchie économique. Après le vote
d’une première mouture assurant un « legal privilege » à la française
au Sénat, voilà que l’Assemblée a adopté, mardi, sa copie quasi conforme dont
la finalité reste la même : servir les intérêts patronaux.
Ce texte défendu par les députés macronistes et de droite souhaite
garantir « la confidentialité des consultations juridiques » au
sein des entreprises au seul bénéfice des employeurs. Autrement dit, salariés,
consommateurs, lanceurs d’alerte, journalistes et avocats seraient entravés dans
leurs démarches sociales, citoyennes et professionnelles.
Les entreprises disposeraient d’une clause en or pour interdire la
divulgation de « documents qui pourraient leur nuire dans le cadre
d’une procédure civile, commerciale ou administrative, en invoquant leur
confidentialité », fustige le Syndicat des avocats de France,
fermement opposé à ce projet de loi à l’instar des députés de gauche, des
confédérations syndicales CGT et Solidaires ou encore du Syndicat de la
magistrature.
Pour ce qui concerne la presse, nous n’aurions pas pu révéler dans notre enquête du jour les rappels à l’ordre de l’inspection du travail à la RATP concernant ses graves manquements
à l’égard de ses salariés exposés à des produits chimiques.
Les arguments avancés par la minorité présidentielle pour justifier le
« legal privilege » relèvent de la pure démagogie, à savoir conforter
l’attractivité d’entreprises étrangères désireuses de s’installer sur notre
sol, à l’heure où d’autres pays appliquent cette « confidentialité ».
Qu’importe si la France figure déjà parmi les États les plus attractifs en
Europe. Le fond de l’affaire est d’une tout autre nature : ce projet de
loi vise à blinder le secret des affaires au mépris de la démocratie sociale,
de l’intérêt général et de l’État de droit.
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