Des panaches de fumée noire dans le ciel de Rafah. Ce lundi, quelques
heures à peine après avoir ordonné l’évacuation d’une partie de la ville,
l’armée israélienne a donc mis ses menaces à exécution. Sinistres prémices
d’une offensive d’ampleur sur une ville frontière de l’extrême sud de la bande
de Gaza, où s’entassent 1,2 million de civils, dont 600 000 enfants.
Rien. Ni les sommations de l’ONU, ni les alertes des ONG sur les conséquences
dramatiques d’une telle opération militaire, ni les avertissements de son allié
états-unien n’auront fait dévier Benjamin Netanyahou de son sinistre dessein.
Les images de Rafah sont une douloureuse piqûre de rappel. Certes, les
nouvelles du terrain ont depuis plusieurs jours déserté les unes de la presse
et les éditions spéciales des chaînes et des ondes d’information. L’impitoyable
mécanique du balai médiatique a chassé un sujet pour un autre, au gré,
souvent, de polémiques stériles. Mais elle n’efface pas la réalité quotidienne
d’un peuple en proie à un déluge de feu, à la mort, à la famine, au manque de
soins, au manque de tout. C’est cette réalité que les étudiants, sur les campus
des deux côtés de l’Atlantique, dénoncent sans relâche, criminalisés par des
gouvernements incapables d’agir pour que cesse le massacre.
À Tel-Aviv, les milliers de manifestants qui réclament chaque semaine la
libération des otages exigeaient également que le chef du gouvernement renonce
à bombarder Rafah. Eux non plus n’auront pas été entendus. Benjamin Netanyahou
vient d’enclencher une nouvelle phase de sa guerre à Gaza et nul ne sait pour
l’heure si l’acceptation d’une trêve par le Hamas est susceptible de faire
bouger les lignes. Le chef du gouvernement israélien l’avait annoncé : il
poursuivra son offensive, quel que soient les avancées des négociations sur un
cessez-le-feu. Face au drame humain qui se joue à Gaza, face à la résurgence
dramatique des violences commises en Cisjordanie, la communauté internationale
doit agir et les États se saisir de tous les leviers disponibles. En coupant
les vannes des livraisons d’armes à Israël. En forçant la reprise de la voie
diplomatique. En reconnaissant l’État de Palestine et la lutte légitime de son
peuple à l’autodétermination.
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