Rupture Où va la France ? Puisqu’il est
toujours bon ton de lire encore le Figaro, comme pour
s’imprégner de l’air ambiant conservateur et/ou réactionnaire d’une nation en
mal de projection authentiquement progressiste, une très longue tribune de
l’historien Pierre Vermeren a tourné dans notre tête jusqu’à y trouver des
points de concordance avec quelques chroniques antérieures du bloc-noteur.
C’est monde, direz-vous ? Pas tant que cela, en vérité. Pour monsieur
Vermeren, les sept années de Mac Macron I puis II marquent une sorte de rupture
brutale avec la trajectoire historique de la France. « Impuissant
à guérir les maux du pays, le président de la République agite les passions
tristes des Français », écrit-il sans ambages, ni surprise. Le
7 janvier 2021, le bloc-noteur, bien moins visionnaire que d’autres,
suggérait ceci : « Face à toutes les crises cumulées, Mac
Macron se révèle bien plus qu’un simple prince-président choisi par une
oligarchie au service de la caste supérieure. Il est désormais le symptôme
d’une certaine idée du déclin français, son incarnation absolue. »
Et il convenait d’ajouter, histoire d’appuyer le propos : « Mac
Macron parachève un cycle entamé bien plus tôt par ses prédécesseurs et toutes
les lignées qui les entouraient, consistant à ce que la France ne soit plus
gouvernée au sens de la planification politique, mais juste administrée par une
brochette de technocrates arrogants qui regardent le pays comme une entreprise,
ruinant par là même les derniers appareils régaliens de l’État dans le seul but
d’asseoir leur propre pouvoir. »
Mac Macron et le déclassement français.
Libéraux On s’en étonnera ou pas, mais Pierre
Vermeren procède au même constat. Le normalien, agrégé et docteur en histoire,
écrit ainsi : « La société et ses pouvoirs publics sont
impuissants à régler leurs maux pourtant bien identifiés, répertoriés et
analysés : des centaines de rapports privés et publics, de notes,
d’articles, de dossiers, de livres et de cahiers ont été rédigés en ce
sens. » Et il poursuit : « Mais les Français,
divisés et sceptiques, échouent à se mobiliser pour mettre fin à leurs maux
établis : la chute de l’école, la crise agricole, la glissade de l’hôpital
ou la crise de la justice et du système carcéral, pour s’en tenir aux plus
consensuels. »
Plus pessimiste encore, Pierre Vermeren assure que, désormais, « non
seulement les Français vivent sous le régime historique du présentisme, mais
ils ne consentent plus au principe spirituel national évoqué par Renan,
le » désir de vivre ensemble » – raison pour laquelle on
l’invoque rituellement –, ni à la » volonté de continuer à faire valoir
l’héritage (…) reçu indivis » ». Selon lui, avec les pertes
symboliques au fil du temps, tel le déclassement du français comme langue
internationale ou de leur primauté scientifique, les Français « semblent
s’être mis à leur compte : la plupart gèrent leurs affaires familiales et
leurs intérêts matériels selon des critères libéraux et
individualistes ». Mots terribles.
Destin La France reste pourtant une nation riche, comme le note Pierre
Vermeren, puisque sa fortune « collective » tient
toujours bon : nous revendiquons l’homme et la femme les plus riches du
monde, elle est le deuxième pays pour les ultrariches (derrière les
États-Unis), le troisième pour le nombre de millionnaires (presque
3 millions, derrière la Chine et l’Amérique), le douzième pour le
patrimoine moyen net par habitant (devant les États-Unis et l’Allemagne), et
elle possède 4,5 % de la richesse mondiale (soit
20 000 milliards d’euros) pour 0,8 % de la population.
Commentaire désabusé de Pierre Vermeren : « Comme au mikado,
le président de la République est sommé de ne pas retirer la tige qui pourrait
déstabiliser si bel édifice. Aussi doit-il se satisfaire du domaine qui lui
reste, les passions tristes des Français : la culpabilité, la
commémoration et l’agit-prop sociétale, à défaut de pouvoir changer le
monde. » Que sont devenues les paroles soi-disant sacrées de Mac
Macron, peu après la pandémie, quand il affirmait que « les
Français ont réaffirmé leur volonté de prendre leur destin en main, de
reprendre possession de leur existence, de leur nation » ? Rien,
du vent. Un courant d’air, plutôt, qui n’a pas balayé la désillusion
collective. Ou pour le formuler autrement : une forme de déclassement.
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