Les marches ont été gravies une à une. Le Parlement, réuni en congrès à
Versailles ce lundi, doit franchir la dernière : ratifier, à la majorité
des trois cinquièmes, l’inscription dans la Constitution de la « liberté
garantie » des femmes de mettre fin à une grossesse. Plus d’un demi-siècle
après la publication du manifeste des 343, consigner enfin le recours à l’IVG
dans la « norme suprême du système juridique français » tiendrait de
la victoire incontestable. Celle de la lutte acharnée des femmes – trop souvent
au péril de leur vie – pour leurs droits, pour leur liberté légitime et absolue
de disposer de leur corps. Leur combat les honore.
Leurs sacrifices nous obligent. Faire entrer l’IVG dans la Constitution est
un acte politique historique qui serait unique au monde. Mais, à l’heure où
l’hôpital public se meurt sous les coups de boutoir budgétaires, où la médecine
de ville traverse une crise profonde et où le gouvernement laisse la désertification
médicale enclaver des territoires entiers, ne baissons pas les armes. L’accès
effectif à l’IVG continue d’exiger vigilance et combativité.
Reste le poids du symbole, la force de l’exemple dans l’universalité du
combat. D’Argentine, d’Espagne, d’Allemagne et de Pologne, des féministes
témoignent. Elles racontent la réalité de l’avortement dans leur pays, elles
disent la fierté de voir se concrétiser en France l’aboutissement d’une
lutte qu’elles partagent, elles confient surtout l’espoir que ce qui se passe
ici fait naître aux quatre coins du monde.
Nous le savons toutes et tous, l’extrême droite, les conservatismes de tout
poil sont les ennemis des droits des femmes. Partout où leurs apologistes
gagnent du terrain, la liberté des femmes est attaquée. En Afrique, en
Amérique latine, aux États-Unis, en Asie, 700 millions d’entre elles
vivent sous la contrainte de législations restreignant drastiquement l’accès à
l’avortement, quand, dans 24 pays, il est strictement prohibé. Inscrire l’IVG
dans la Constitution n’est pas qu’une affaire nationale. Sa portée traverse les
frontières et chuchote à l’oreille de celles et ceux qui se battent contre ce
vieux monde et tous ses légataires.
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