S’il fallait un indice du mépris avec lequel le gouvernement traite de la question du logement, il suffit de remonter au
11 janvier et à l’annonce de la composition du gouvernement Attal.
L’identité du ministre du Logement ? Eh bien… personne. Comme depuis la
première élection d’Emmanuel Macron, en 2017, ce portefeuille n’a toujours pas
l’honneur d’avoir un ministère de plein exercice. La chute vertigineuse des
constructions de HLM ? L’explosion du nombre de sans-abri ? La part
croissante de l’habitat dans les revenus des ménages ? Tout cela n’est pas
une priorité dans le logiciel macroniste. Au grand dam des Français, dont
82 % estimaient en juin que ce sujet restait le grand oublié de la politique
gouvernementale.
Soixante-dix ans après le vibrant appel de l’abb Pierre, le
« je-m’en-foutisme » du pouvoir actuel sonne comme une trahison. À
rebours du courageux fondateur d’Emmaüs, les adeptes de la start-up nation
envisagent le logement comme un pur dossier technique, vu sous le seul angle
financier. Et sûrement pas un instrument politique pour combattre les
inégalités sociales. Conséquence : ils estiment que la loi du marché doit
primer sur la régulation de l’État. Cette vision néolibérale innerve toute
l’action des quinquennats Macron. Et fait des ravages. Entre 2010 et 2023, les dépenses
publiques pour le logement sont passées de 2,2 % à 1,6 % du PIB. Soit 15 milliards d’euros de
baisse par an. Quant à la production de logements sociaux, seuls
82 000 ont vu le jour en 2023, là où il en faudrait au moins 150 000
chaque année. La stratégie de Gabriel Attal de détricoter la loi SRU est un
nouveau coup porté à la mixité sociale. Et une insulte à la mémoire de l’abbé
Pierre.
La crise du logement entraîne derrière elle un long cortège de souffrances
humaines. L’abbé Pierre le savait. Tout comme il savait que le laissez-faire ne
pouvait tenir lieu de politique en la matière. « Devant leurs
frères mourant de misère, une seule opinion doit exister entre hommes : la
volonté de rendre impossible que cela dure. », lançait-il à
l’hiver 1954 sur les ondes de Radio Luxembourg. Cette volonté fait cruellement
défaut à nos gouvernants d’aujourd’hui.
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