Amélie Oudéa-Castéra ne fait décidément pas les choses
à moitié. Elle coche méticuleusement toutes les cases du séparatisme de classe.
De son lieu de résidence à la scolarisation de ses enfants, en passant par le
niveau de ses revenus, AOC a réussi à incarner ce personnage de la grande
bourgeoise dont le mode de vie est à des années-lumière de celui du commun des
mortels. Ses multiples arrangements avec la vérité achèvent de la disqualifier
comme ministre de l’Éducation nationale et des Sports, sauf à estimer que
l’éthique est en option. Pourtant, elle reste en poste. Le message est limpide.
Rien à cirer. Les quelques paroles de contrition n’y changent rien. On sait
qu’elle ne sera pas la ministre de l’Éducation nationale, mais la surveillante
générale des intérêts des écoles privées et de ceux qui les fréquentent.
Mais le scandale va encore plus loin. L’école privée n’est pas
seulement protégée par ceux qui dirigent les institutions publiques, elle est carrément
favorisée. Le privé vampirise des milliards d’euros d’argent public qui
font cruellement défaut à l’école publique, sommée d’être toujours plus économe
et autonome. L’insuffisance de moyens pour l’enseignement public, mis à part
quelques classes ou établissement d’élites, prouve bien que l’objectif n’est
pas de permettre la réussite de tous, mais d’en faire le lieu de
l’apprentissage des savoirs minimaux pour répondre aux besoins du patronat et
de la bourgeoisie.
Les classes dirigeantes ont fait le choix de l’école privée comme
meilleure garantie de la reproduction sociale et du maintien de l’entre-soi.
Affaiblir le système éducatif public est un projet idéologique. Le
30 novembre 1905 était publié le « Manifeste des instituteurs
syndicalistes », dans lequel était écrit : « Nous
instruisons les enfants du peuple, le jour. Quoi de plus naturel que nous
songions à nous retrouver avec les hommes du peuple, le soir ? C’est au
milieu des syndicats ouvriers que nous prendrons connaissance des besoins
intellectuels et moraux du peuple. C’est à leur contact et avec leur
collaboration que nous établirons nos programmes et nos méthodes. » Une
autre idée de l’école qui continue de faire peur aux bourgeois.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire