Ratés : Nomination de Gabi Ier, remaniement à droite toute,
conférence de presse fleuve de Mac Macron II, plan de communication tous
azimuts : on allait voir ce qu’on allait voir… Autant le dire, même avec
très peu de recul, on a vu, en effet, une sorte de catastrophe s’abattre sur
toute la Macronie, singulièrement celle dite de « gauche » – qu’il
serait désormais intelligent de ne plus nommer ainsi tant l’escroquerie
politique fut immonde durant tant d’années.
Entre les conséquences de la loi immigration (qui porte atteinte à la
République) et l’affaire Amélie Casse-toi-de-là (qui ridiculise le ministère de
l’Éducation nationale), sans parler de la révolte des paysans ou les appels du
prince-président au « réarmement » à tous les étages
(qui nous rappelle fâcheusement le « réarmement moral » des
années 1930), le paysage « médiatique » autour de l’exécutif est
d’ores et déjà l’un des plus grands ratés de l’histoire de la Ve. À
tel point que, selon des indiscrétions succulentes rapportées par le
Monde, cette semaine, le « blues » serait immense
chez les « grognards du macronisme ».
Déflagration : Ainsi, le vote de la loi
immigration, « écrite sous la dictée de la droite et adoubée par
l’extrême droite » (dixit le Monde), suivi de « la
nomination d’un gouvernement dominé par des sarkozystes » (toujours le
Monde) et de la prestation télévisée de Mac Macron II et ses « clins
d’œil à la droite conservatrice » (idem), a donc provoqué « une
déflagration parmi les soutiens historiques du président ».
François Bayrou, à qui Mac Macron doit en partie son triomphe de 2017,
s’est par exemple enfermé dans un silence pesant depuis le 7 janvier (une
éternité), furieux contre la tonalité du remaniement. Richard Ferrand, tout
aussi énervé, aurait rétorqué à une élue Renaissance qui suggérait la création
d’un groupe indépendant à l’Assemblée : « Tu n’y es pas, ce
n’est pas nous qui rompons avec lui, c’est lui qui a rompu avec
nous ! »
Évoquons également Philippe Grangeon, cofondateur d’En marche !, qui
déplore le côté « vieille France » des mesures
annoncées le 16 janvier, ou encore Alexis Kohler, le puissant secrétaire
général de l’Élysée, qui aurait pour le moins tiqué devant la formule de Mac
Macron II « Il faut que la France reste la France », empruntée
à LR et à Zemmour-le-voilà. Tous ces bons hommes regrettent la verticalité du
Palais, la droitisation, comme les velléités incessantes de la « start-up
nation ».
Flanc : Mais, à en croire le Monde, le plus amer de tous
n’est autre que Gilles Le Gendre, député de Paris, historique des
historiques. Lors d’une réunion hebdomadaire devant des députés Renaissance, ce
fidèle de la première heure aurait déclaré voir dans ce remaniement « l’ultime
manifestation d’une dérive ». L’homme ne mâche pas ses mots,
comme l’affirmation d’un divorce définitivement consommé.
Car il ajoute : « Le président rompt avec lui-même en
envoyant valser les valeurs et les bâtisseurs historiques de ce projet qui nous
avait tant enthousiasmés en 2017. Nous nous sommes engagés pour reconstruire
une démocratie de la conviction, nous voilà devenus les zélateurs d’une
démocratie d’opinion. (…) Si Gabriel Attal demande la confiance (il ne l’a
finalement pas fait – NDLR) et si je me résous à la voter, ce sera par
discipline, pas par adhésion. » Pour lui, installer de fait un
duel entre Bardella-le-voilà et Gabi Ier, avec les européennes dans
le viseur, serait « un formidable cadeau au RN dans son entreprise
de crédibilisation ».
Le bloc-noteur, qui ne cesse depuis sept ans de dénoncer les ponts-levis
dressés entre la macronie et Fifille-la-voilà, ne dirait pas mieux. D’autant
que Le Gendre exprime une intuition, qui n’est évidemment pas dénuée d’intérêt.
Selon lui, Mac Macron II et la majorité viennent d’ouvrir « une
voie d’eau massive sur son flanc gauche ». Une nouvelle séquence
politique, en quelque sorte. Reste à la gauche, celle à laquelle nous pensons,
de ne pas passer à côté…
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire