Une nouvelle fois, le sort d’une loi majeure est entre les mains du Conseil
constitutionnel. Après la réforme des retraites au printemps 2023,
l’institution doit rendre, ce jeudi, sa décision sur la très controversée loi
asile et immigration. Mais c’est un tout autre scénario qui se joue, cette
fois. Le président de la République a fait un choix inédit en avalisant le vote
d’une loi par sa majorité tout en sachant qu’elle était en partie inconstitutionnelle.
Ce faisant, il a instrumentalisé les sages pour obtenir un accord à tout
prix, laissant libre cours aux délires sécuritaires et discriminatoires de la
droite, engluée dans une course à l’extrême droite jusqu’à introduire une
(première) dose de préférence nationale. Voilà comment les thèses de cette
dernière se retrouvent – pour partie – validées à l’Assemblée nationale par une
sorte de contamination mêlant reniements républicains et stratégie politique à
la petite semaine.
Le Conseil constitutionnel est pris en otage. S’il valide la loi, il
participera à ébranler l’État de droit et les piliers d’une Constitution dont
l’esprit reste empreint des Lumières et de la Révolution. L’extrême droite aura
marqué un nouveau point dans sa sinistre besogne de sape des fondements
républicains. S’il la censure largement, ce qu’il faut espérer, le pire pourra
être évité pour les premiers concernés par la loi et quelques principes seront
réaffirmés.
Mais, même dans cette hypothèse, le président aura offert une occasion en
or aux héritiers de Pétain de s’en prendre à une Constitution qui empêche
de réformer et qu’ils appelleront à réformer d’urgence. Pile tu gagnes, face je
perds. Un piège choisi par le chef de l’État pour se dédouaner, que nous
paierons donc au prix fort.
Devant le rejet initial de la loi et l’impossibilité d’un accord à
l’Assemblée qui respecte nos principes élémentaires, Emmanuel Macron aurait pu
demander au gouvernement de retirer sa loi. Il s’y est refusé. Quelle que
soit la décision du Conseil constitutionnel, il lui restera une possibilité de
sortir de cette triste farce : ne pas la promulguer.
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