Il parle le patois mais aussi notre langue avec l’accent, c’est
vrai, qui trahit son pays. C’est de chez lui que vient le couscous ou la mangue
que l’on aime à servir, à table, à nos amis. Il ouvre le matin, on le voit de
la chambre, avant que bien des gens ne soient encore levés. Et du premier
janvier au trente et un décembre ferme après que chacun, le soir, est arrivé.
Au client qui le croise au pied de l’étalage, il adresse un sourire,
assorti d’un bonjour. On ne l’a jamais vu qu’avec un seul visage, celui
qu’il a montré dès le premier jour. Il parle aussi l’anglais, mais ne sait pas
l’écrire. Il a quitté l’école à l’âge de six ans pour aller travailler,
avant d’apprendre à lire, aux travaux de la ferme avec un paysan. Il ne
regrette pas, c’est pour ça qu’il en cause, ce temps qui l’a conduit
pendant plusieurs étés à comprendre, tout seul, la vie et bien des choses qu’à
certains, nostalgique, il se plaît à conter. Mais il ne comprend pas pourquoi,
là, dans sa ville, on demande à son fils aujourd’hui ses papiers, le
priant de se taire et de rester tranquille, de se coller au mur et
d’écarter les pieds.
jeudi 25 janvier 2024
L’ÉTRANGER !
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
COMPAGNONS !
Je garderai de vous, compagnons de misère, au blanc de mes jardins la noirceur de vos pas, des rides de douleur sur une eau qui fut claire...

-
La mort de Paul Laurent, emporté soudainement et en pleine force a touché profondément les communistes. Évoquer sa mémoire est pour moi un...
-
Depuis les résultats de l’élection municipale de Villeneuve-Saint-Georges, les commentaires qui fleurissent sur la toile me donnent le tou...
-
De porte en porte, de village en village, chaque jour il marchait. Messager de l’espoir ou porteur de regrets. La lettre parfumée, au mili...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire