Nous avons dépassé les 100 jours d’horreur au Moyen-Orient. Depuis le
7 octobre, marquant l’attaque terroriste du Hamas en territoire israélien,
la punition collective infligée au peuple palestinien est sans commune mesure.
On sait depuis des semaines qu’il ne s’agit pas d’une de ces opérations
militaires récurrentes menée par l’armée israélienne à Gaza, si tant est qu’on
puisse s’habituer à la guerre. En dix-huit ans de blocus et quatre guerres,
c’est celle qui est la plus meurtrière. 250 morts par jour : prend-t-on
la mesure du carnage ? Les infrastructures de la bande de Gaza sont
détruites à plus de 60 %, plus d’un tiers des logements ne sont plus,
l’aide humanitaire entre au compte-gouttes pour plus d’un million de déplacés,
alors que s’ajouteront aux 23 000 morts les blessés graves non
soignés et les disparus sous les décombres, ce qui portera le bilan humain
au-delà de l’imaginable.
Les arguments cyniques et infâmes utilisés par les autorités politiques
israéliennes pour justifier les suites des opérations, relayés complaisamment
par un certain nombre de médias tout à leur joie de suivre une armée « en
action », ne font plus effet. La société israélienne est fracturée, les
Palestiniens vivent dans la peur permanente, y compris en Cisjordanie où les
colons commettent des exactions chaque jour. Le cycle de violences se déploie
même au-delà des frontières, où les rivalités géopolitiques font craindre un
embrasement régional. Le pyromane Benyamin Netanyahou n’en a cure et cherche
même sa survie politique dans cet attisement des conflits.
Ces mêmes colons disent tout haut ce que pense une grande partie de
l’establishment israélien : les Palestiniens n’auront pas le droit à
disposer d’une liberté politique avec un État souverain. Ils seront au mieux à
leurs yeux des populations marginalisées, au pire vouées à disparaître. Il est
clair que, dans le vacarme des bombes, le colonialisme israélien veut en finir
avec le projet national palestinien. Les horreurs du Hamas, dont la
logique islamiste et les actions terroristes ne peuvent justifier la tentative
d’annihiler le droit légitime du peuple palestinien à exister, conformément aux
résolutions internationales.
L’ouverture de la procédure pour « crime génocidaire », portée à
la Cour internationale de justice (CIJ) par l’Afrique du Sud et des collectifs
d’avocats montre la gravité des crimes commis par l’armée israélienne depuis
octobre dernier. Le nettoyage ethnique, confirmé par les multiples déclarations
d’officiels israéliens qui appellent à se débarrasser des Palestiniens ou à les
expulser, dans des pays voisins voire en Afrique, valide nos pires craintes.
Le silence, complice, des puissances occidentales a fini d’user leur crédit
sur la scène internationale avec une rhétorique humaniste à géométrie variable.
Malgré l’utilisation cynique de la souffrance des Palestiniens par certains
États, il ne faut pas oublier l’essentiel. Le cessez-le-feu est prioritaire et
urgent. Les besoins du peuple palestinien devront être l’élément cardinal d’une
reconstruction politique et sociale. La voix des peuples doit résonner plus
fort dans les cortèges et les actions pour contraindre nos États et les autres
acteurs à tracer la voie d’une paix juste et durable, qui passe obligatoirement
par l’application, enfin, du droit international.
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