Ce 21 janvier, il n’y avait pas « eux » et
« nous ». Juste un « nous », collectif, pour répondre aux
semeurs de haine et de divisions. Partie d’un appel de 201 personnalités,
publié dans l’Humanité, la journée de mobilisation a rassemblé hier
dans toute la France des dizaines de milliers d’opposants à la loi immigration.
Une déferlante citoyenne, digne et fraternelle, pour réclamer la
non-promulgation de ce sinistre texte, adopté au Parlement sous la dictée de
l’extrême droite.
Face au rouleau compresseur xénophobe, qui fait de l’immigré le bouc
émissaire d’une société rongée par les inégalités, ce peuple solidaire est venu
rappeler qu’il n’était pas prêt à transiger avec les fondements égalitaires et
non discriminatoires de notre République. Un sursaut exemplaire et
essentiel.
Loin des débats nauséabonds qui occupent les plateaux de CNews et consorts,
ces cortèges soulignent la réalité de ce qu’est l’immigration en France. Non
pas ce visage fantasmé du profiteur menaçant, mais des femmes et des hommes
indispensables au présent et à l’avenir du pays.
Comme nous le rappelons dans ces colonnes, les travailleurs étrangers sont
surreprésentés dans tous les secteurs qu’Emmanuel Macron qualifiait lui-même d’« essentiels » pendant
la crise du Covid. Il versait à l’époque des larmes de crocodile sur leur
faible rémunération. Il les précarise et stigmatise aujourd’hui au gré de son
intérêt politique. Et au prix d’un basculement nationaliste gravissime.
Cette mobilisation, quelle que fut son ampleur, reste un moment crucial.
Jeudi prochain, le Conseil constitutionnel rendra sa décision sur la loi
immigration. Si les conseillers de la rue de Montpensier optent pour une
censure complète, ils auront joué leur rôle de garde-fou. Mais si – hypothèse
la plus probable – ils se contentent d’une validation partielle, Emmanuel
Macron devra tomber le masque.
Se réfugiera-t-il derrière cette décision pour demander, malgré tout, une
promulgation du texte et tourner vite la page de cette désastreuse
« séquence » ? Ou reviendra-t-il à la raison en retirant cette
loi de circonstance qui promet de fracturer notre société ? Le front du
refus, qui s’est exprimé ce 21 janvier, est venu à point nommé pour mettre
le chef de l’État face à ses responsabilités. Reste à voir, maintenant, dans
quelle mesure il est capable de les honorer.
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