Au terme de passe d’armes d’une rare violence dans l’Hémicycle, la loi Veil
a été promulguée le 17 janvier 1975, dépénalisant enfin l’avortement en
France. Un demi-siècle plus tard, l’IVG reste un combat. Conquis de haute lutte
par les femmes et les féministes, ce droit est d’une extrême fragilité tant il
est attaqué de front par les militants pro-vie et autres fondamentalistes, et
malmené par la faiblesse des moyens financiers qui lui sont octroyés. Les
débats qui ont agité le Sénat autour de l’inscription de l’IVG dans la
Constitution démontrent que rien n’est acquis. Cette ambition politique s’est
heurtée à un mur d’immobilisme au point de dénaturer la proposition de loi
transpartisane de 2022. Le gouvernement présente, ce 24 janvier, à
l’Assemblée, un texte où l’avortement serait certes constitutionnalisé mais
sous l’appellation de « liberté garantie ». Espérons que ce fragile
compromis puisse aboutir.
Son adoption serait un symbole au-delà de nos frontières, à l’heure où le
recours à l’IVG est interdit dans nombre de pays ou soumis aux foudres des
révolutions conservatrices qui piétinent les droits et les libertés des femmes.
Espérons également que le Sénat entende le message. Son président, Gérard
Larcher, serait d’ailleurs bien avisé de lire et de comprendre ce qu’est la Loi
fondamentale, lui qui a osé déclarer qu’elle n’a pas vocation à être « un
catalogue de droits sociaux et sociétaux » afin de justifier les
postures réactionnaires de la droite. Ne lui en déplaise, la Constitution
consacre « des droits et libertés fondamentaux, et définit les
modalités de leur protection ».
L’inscription de l’IVG, dans la Constitution, ne la grave pas dans le
marbre. Les féministes et les parlementaires de gauche en ont conscience mais,
à juste titre, ils considèrent qu’elle constituerait une forme de protection
supplémentaire face aux attaques et restrictions que cette dernière subit.
Emmanuel Macron doit clarifier sa position. Il ne peut se présenter comme le
défenseur du droit à l’avortement, et nommer à la tête du ministère de la Santé
Catherine Vautrin, qui, en 2017, avait voté contre l’extension du délit
d’entrave numérique à l’IVG. Les droits des femmes ne peuvent
souffrir aucun « en même temps ».
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