Moins haut, moins fort, moins loin : en matière
de droits sociaux, le gouvernement a décidé d’inverser la devise olympique.
Dans la discrétion des ministères et le quasi-anonymat d’arrêtés ministériels
et de circulaires, le pouvoir organise le grignotage de la « charte
sociale », une première pourtant pour une ville
hôte, dont Bernard Thibault, l’ancien secrétaire général de la CGT a été une
cheville ouvrière. Télétravail et congés imposés, suspension arbitraire des
jours de repos, formation au rabais des agents de sécurité privés, missions de
l’inspection du travail freinées, « invitation » dans les hôpitaux
parisiens à ne pas prendre plus de deux semaines de congé estival : cela
vire à la compétition à la dérogation au Code du travail.
Le slogan ressassé de la grande fête populaire n’est
plus qu’une feuille de vigne peinant à masquer les régressions.
Pêle-mêle : obligation d’un « QR code » pour circuler dans Paris
pendant les Jeux, un dispositif totalement inédit dans une ville
organisatrice ; ticket de métro pour les visiteurs à 4 euros alors
que la promesse de gratuité est écrite noir sur blanc dans le dossier de
candidature ; des étudiants obligés de laisser libre leur logement Crous
contre une aumône de 100 euros et deux places ; recours à la
vidéosurveillance « intelligente ».
Les défauts intrinsèques des Jeux olympiques sont
connus : immense barnum sportivo-commercial extraterritorial qui vient se
poser tous les quatre ans dans une
ville à ses conditions exclusives (dont des
exonérations fiscales) ; Bibendum organisationnel reposant sur un
bénévolat massif confinant à un travail gratuit à grande échelle. Voilà que la
Macronie – en favorisant la restriction des libertés publiques et
l’amoindrissement des droits sociaux – s’apprête à créer un monstre hybride,
dont l’immense majorité des Français seront exclus. On savait que les valeurs
de l’olympisme devaient être sauvées de l’appétit capitaliste du CIO. On
constate désormais qu’il faudra extirper les JO 2024 des griffes de l’Élysée.
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