C’est un bombardement délibéré et totalement assumé et c’est un massacre.
Les frappes sur le camp de réfugiés de Jabaliya seraient justifiées, pour
l’armée israélienne, par la présence en sous-sol d’un commandant du Hamas.
Comment ne pas penser alors à cette phrase terrible, dans nos livres
d’histoire : « Tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les
siens. » On ne connaît pas encore précisément le nombre de celles
et ceux qui ont trouvé la mort dans cet énorme cratère. Plusieurs centaines
probablement. L’émotion dans le monde est considérable, l’ONU a parlé « d’attaques
disproportionnées » qui pourraient « constituer des
crimes de guerre ». Tout se passe désormais comme s’il s’agissait
d’écraser sous les bombes, depuis trois semaines, une bande de terre d’une
trentaine de kilomètres peuplée de plus de 2 millions d’habitants
prisonniers.
L’attaque de terreur du 7 octobre conduite par le Hamas ne pouvait
rester sans réponse. Mais les chefs du Hamas, dont le premier d’entre eux,
Ismaël Haniyeh, sont à Doha, la capitale du Qatar, où ils disposent de locaux
dans un univers de gratte-ciel qui n’a rien à voir avec les tunnels de Gaza.
C’est de là qu’ils traitent leur guerre. Ce n’est pas celle du peuple
palestinien. Voici ce que disait, en 2019, Benyamin Netanyahou aux députés de
Likoud : « Qui veut empêcher la création d’un État
palestinien doit soutenir le renforcement du Hamas et le transfert de fonds au
Hamas. » C’est sous la protection des autorités israéliennes
qu’ont transité les fonds venant du Qatar. Car non seulement il héberge la
direction de l’organisation mais il contribue à son financement de son propre
chef ou comme intermédiaire. C’est à Doha qu’avait lieu, il y a une quinzaine
de jours, une cordiale rencontre entre le chef du Hamas et un représentant de
l’Iran. Ce n’est pas nouveau. Pendant la guerre d’Afghanistan, le Qatar
accueillait luxueusement les chefs talibans.
Les chancelleries occidentales ne pouvaient l’ignorer, ajoutant à leur déni
de la cause palestinienne, à leur soutien affiché à Benyamin Netanyahou et sa
politique d’extrême droite, une cécité volontaire sur cette politique du Qatar.
On ne critique pas un tel investisseur qui a de plus accueilli la Coupe du
monde de football, sans préjuger d’autres raisons sans doute plus obscures. Les
non-dits de la crise peuvent donner le vertige. Le peuple de Gaza les paye au
prix du sang.
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