Bombardements continus et combats au sol, scènes de
dévastation, chars massés aux portes des hôpitaux comme à Al-Shifa, principale
structure sanitaire de Gaza, la guerre ne connaît plus de bornes. L’armée
israélienne jure que cet établissement, où s’entassent patients, personnel
soignant et déplacés, abriterait l’un des quartiers généraux du Hamas.
Information invérifiable.
En revanche, l’attaque d’un hôpital privé d’eau, d’électricité,
d’oxygène – quelles que soient les raisons invoquées –
constitue indiscutablement un crime de guerre. Sur ce point, les
conventions de Genève sont très claires. Mais depuis le 7 octobre, le droit
international humanitaire est piétiné, bafoué.
« On passe d’une prison à ciel
ouvert à un charnier à ciel ouvert », se désespère Jean-François Corty, le vice-président de Médecins
du monde. Combien de souffrance et de morts encore, avant que la
diplomatie ne reprenne enfin le dessus ? Le très impopulaire
gouvernement israélien – moins de 4 % des Israéliens juifs font
confiance aux décisions prises par Benyamin Netanyahou et aux informations
qu’il livre sur la guerre à Gaza, selon la dernière enquête réalisée par
l’université Bar-Ilan – répète que son objectif est d’anéantir le Hamas.
Qu’importe le bilan des victimes civiles. Qu’importe si la stratégie
choisie met en danger de mort les otages israéliens. On ne raye pas d’un
trait de plume un appareil politico-militaire adossé à une idéologie
fondamentaliste comme on raserait une ville. La prise de contrôle des
sièges des principales institutions – Parlement, gouvernement, police – de
l’enclave palestinienne par Tel-Aviv ne signe pas non plus la fin du Hamas. En
revanche, elle trahit des prétentions annexionnistes lourdes de
conséquences.
La guerre, l’occupation, les traumatismes qu’elles gravent dans les corps
et dans les cœurs nourrissent la haine, le ressentiment, l’esprit de
vengeance. Elles sont le creuset des déchaînements de violence
futurs. C’est vrai à Gaza, c’est vrai aussi en Cisjordanie où 200 vies
palestiniennes ont été fauchées depuis le 7 octobre, tandis que les
colons étendent et resserrent leur emprise sur les terres volées. Devant
ce désastre, la France doit rompre d’urgence avec la parole erratique portée
jusqu’ici par l’Élysée, pour retrouver une voix claire, libre, indépendante. Il
n’y a plus de temps à perdre.
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