« On n’a jamais eu ça. » Dans le Nord-Pas-de-Calais,
détresse et sidération n’en finissent plus de saisir les habitants, confrontés
depuis quinze jours à des inondations d’une ampleur inédite. Les pluies
diluviennes s’enchaînent, les nappes phréatiques dégorgent, les routes se
métamorphosent en rivières et les sinistrés se comptent par milliers.
Depuis mardi et la visite d’Emmanuel Macron, l’état de catastrophe
naturelle a été reconnu pour 244 communes, le dispositif de calamités agricoles
activé et 50 millions d’euros débloqués pour les collectivités locales.
Bien le minimum que le président pouvait faire, face à un tel drame.
Mais, au-delà de l’urgence, c’est sur le moyen et long terme que le pouvoir
est attendu. On le sait, le réchauffement climatique va accentuer ces épisodes
extrêmes. Ce n’est qu’un début. Or, le discours de la Macronie, fait
« d’adaptation », de criminalisation de l’écologie politique et de
prime aux intérêts économiques, ne prend clairement pas la mesure du danger.
Il n’est plus temps de composer et de relativiser. L’exemple nordiste en
témoigne. La dernière crue de 2002 avait submergé une partie de la région et ne
devait pas se répéter avant cinquante ans. Raté. Vingt ans plus tard, le
scénario se rejoue, en pire. Les infrastructures de protection, dimensionnées à
la hauteur de 2002, ont été débordées.
Tout comme semblent l’être les réponses de circonstance du gouvernement
devant l’histoire qui s’accélère. Son inertie est coupable face au choc
climatique, dont les plus pauvres sont les premiers à faire les frais. Et sa
stratégie de simple « accompagnement », un anachronisme intenable.
À trois semaines de la COP28 de Dubaï, les inondations du
Pas-de-Calais sonnent comme un rappel. Devant l’ampleur des conséquences du
changement climatique, la préoccupation environnementale et sociale doit
imprégner toute décision politique. Et ne surtout pas abdiquer l’ambition de
contenir le réchauffement plutôt que de s’en accommoder. Soyons-en sûrs :
ce sont ces renoncements d’aujourd’hui qui préparent les inondations de demain.
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