« C’est quoi ta source ? », « N’oublie
pas le conditionnel ». « Selon l’armée »… La
déontologie comme seule arme face à la guerre informationnelle. Voilà à quoi
ressemble le quotidien de nombreuses rédactions depuis les attaques du Hamas le
7 octobre. L’Humanité a fait le choix d’envoyer des
reporters au Proche-Orient, dont vous pouvez lire les récits quotidiennement
dans nos colonnes. Mais, depuis près d’un mois, aucun journaliste de la presse
internationale n’a pu pénétrer dans la bande de Gaza, totalement bouclée par
l’armée israélienne au nord et par l’Égypte au sud. Comme bien d’autres titres,
nos seules sources fiables sont nos contacts palestiniens ou membres d’ONG présents
dans l’enclave, quand nous arrivons encore à les joindre, entre les déluges de
bombes et les coupures d’électricité. Ce blocus médiatique est d’autant
plus condamnable qu’il est incompatible avec les principes d’un État
démocratique, or Israël se targue d’en être le seul représentant au
Moyen-Orient.
« En temps de guerre, la vérité est si précieuse qu’elle doit
toujours être protégée par un rempart de mensonges », ironisait
Churchill. Mais les nouvelles technologies donnent une tout autre dimension à
cette guerre qui se mène aussi sur les réseaux sociaux.
Pour les belligérants, il devient indispensable d’investir autant dans la
communication que dans les armes pour mener la bataille de l’émotion et
influencer ainsi les opinions internationales.
Cet épais brouillard s’est dramatiquement manifesté avec le cas des
« bébés décapités » de Kfar Aza et le bombardement de l’hôpital
al-Ahli Arab de Gaza. L’histoire finira par dire la vérité. Photos
truquées, faux témoignages relayés par une grande partie des médias qui, a
posteriori, promirent qu’on ne les y reprendrait plus. Les conflits de ces
trente dernières années ont démontré l’ampleur des manipulations de l’opinion.
La couverture des drames qui se déroulent au Proche-Orient dit tout de la
contradiction du moment : à l’heure d’une défiance inédite à l’égard de la
presse, jamais le rôle des reporters n’a été aussi décisif pour contrecarrer la
désinformation. Trente-quatre journalistes sont morts depuis le 7 octobre,
selon Reporters sans frontières. Pour son secrétaire général, Christophe
Deloire, « l’État d’Israël devra assumer devant l’Histoire la
responsabilité de la mort de journalistes à une échelle inconnue au
XXIe siècle ».
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