Reporté sine die. L’annulation du Comité
interministériel des villes qui devait se tenir le 9 octobre s’ajoute à
une longue liste de rendez-vous manqués. Une douche froide pour
les quartiers populaires, dont les habitants n’arrivent plus à remplir
leur frigo et payer leur loyer. Multiplication de pseudo-concertations aux
acronymes accablants, annonces sans cesse repoussées… La méthode Macron a fait
long feu et ne dupe plus personne. La politique de la ville a totalement
disparu des radars. À l’enterrement de première classe du rapport Borloo ont
succédé l’inertie et le mépris de toutes les alertes lancées. De l’appel
de Grigny, en 2017, jusqu’au « cri d’alerte » poussé
en mai dernier pour demander un « plan d’urgence »,
toutes les requêtes des maires sont restées lettre morte.
Les millions de Français qui vivent dans ces quartiers
n’ont toujours pas les mêmes droits, les mêmes salaires et le même accès aux
services publics que les autres. Mais Emmanuel Macron continue de regarder
ailleurs. Ces quartiers « prioritaires », qui ne concernent pas que
les banlieues des grandes métropoles, regroupent 5,5 millions d’habitants
dont 40 % ont moins de 25 ans. Quel horizon leur offre le président
de la République ? Devenir chauffeur Uber. « Il faut des jeunes
Français qui aient envie de devenir milliardaires », avait asséné
celui qui était encore ministre de l’Économie en 2015. Cette cohérence
idéologique, sorte de méritocratie 2.0, basée sur les vertus de l’« entrepreneuriat »,
s’est traduite dans les rares actions menées depuis qu’il est à l’Élysée,
centrées sur des jeunes « talents », plutôt que de s’attaquer aux
racines des inégalités.
Ce renoncement à une politique de la ville ambitieuse
a ouvert la voie aux pires discours sur « les milliards pour les
banlieues », dont l’extrême droite nous a rebattu les oreilles au moment
des violences urbaines de juin dernier à la suite de la mort de Nahel,
multipliant les inepties sur l’argent public dont seraient « arrosés »
les quartiers, quand bien même les chiffres et innombrables rapports démontrent
le contraire. La République a laissé sur le carreau les quartiers populaires.
Leurs habitants n’aspirent pourtant qu’à vivre dignement. Ils ne demandent que
l’égalité et la justice.
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