Conférence : Au milieu des fracas d’une
actualité hurlante qui conjuguent la haine et la mort à tous les temps, une
information hélas prévisible est presque passée inaperçue. La fameuse
« conférence sociale », convoquée par la première sinistre, lundi
16 octobre, n’a servi à rien. Sauf quelques effets d’annonce. Pas
d’indexation des salaires sur l’inflation, pas d’augmentation du Smic, pas de
conditionnalité des aides aux entreprises (160 milliards d’euros) à des
critères sociaux et environnementaux…
Les deux seuls points positifs (sic) tiennent en deux phrases : une
mission sera confiée à des experts sur les exonérations de cotisations sociales
(plaisanterie) ; concernant l’égalité femmes-hommes, le gouvernement
reprend la proposition de la CGT et de la CFDT en annonçant aux
partenaires sociaux de « bâtir un nouvel index » d’égalité
professionnelle. Voilà la supercherie, circulez…
Subordination : Face à la montée des incertitudes,
la question du travail n’apparaît plus comme une priorité. Même Marylise Léon,
la secrétaire générale de la CFDT, le répétait dans une tribune donnée au Monde avant
ladite « conférence » : « Le monde du travail
change et les responsables politiques ont longtemps regardé ailleurs. » Et
elle ajoutait : « Désindustrialisation, développement des
activités de service, robotisation, évolution des outils de communication,
émergence des travailleurs des plateformes, développement du
télétravail… » Avant de marteler une vérité quasi
inaudible : « Résultat : les organisations et les
conditions de travail ; la reconnaissance des parcours
professionnels ; la valorisation des compétences ; les besoins en
formation pour répondre aux évolutions des métiers… Toutes ces questions ont
été reléguées au second plan. »
Hasard du calendrier ou non, le même jour et dans le même journal, Sophie
Binet, son homologue de la CGT, expliquait d’une plume alerte : « Le
travail est une question démocratique majeure. » Et elle
précisait sa pensée : « La mobilisation contre la réforme des
retraites a mis sur le devant de la scène la dégradation des conditions de
travail et le fait qu’une large majorité de salariés ne se voient pas “tenir”
à leur poste jusqu’à 64 ans, voire 67 ans. Pourtant, à l’image
des “premières de corvées” découvertes avec le Covid et aussitôt
oubliées, la question du travail est de nouveau, sortie des radars. » Pour
Sophie Binet, pas de doute, « le politique a abandonné le sujet de
longue date quand, côté syndical, nous peinons à trouver des leviers d’action,
tant les moyens et prérogatives des représentants du personnel ont reculé ces
dernières années ». Le Résultat est connu : l’organisation du
travail et sa finalité sont abandonnées au patronat, comme si le lien de
subordination donnait les pleins pouvoirs à l’employeur. Bienvenue dans
l’ultralibéralisme capitaliste.
Collectif : Dans un contexte de nouvelle
conjoncture de l’emploi, qui creuse ainsi les disparités « entre »
les différentes catégories de salariés, le risque-chômage et le
risque-précarité voisinent désormais. Depuis une bonne génération, cette
transformation considérable a remis en question la notion même de
« classe », en ce qu’elle a entraîné une
« décollectivisation » des conditions de travail et des modes
d’organisation des travailleurs.
La conception classique de la classe ouvrière (devenus gros mots) reposait
en dernière analyse sur l’existence de collectifs ouvriers enracinés dans une
certaine communauté d’intérêts. On a toujours su (et Marx le premier en était
conscient) que cette identité n’a jamais été entièrement réalisée, et que la
classe ouvrière n’a jamais représenté une unité absolue, ni du point de vue de
ses conditions d’existence, ni du point de vue idéologique ou politique.
Mais, au XXIe siècle comme jadis, doit-on parler de
« classe » sans poser une certaine prépondérance du collectif sur
l’individuel ? Le salariat a été volontairement miné par un
« processus » d’individualisation qui dissout ses capacités d’exister
comme collectif.
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