En voyant ces colonnes de voitures chargées à ras
bord, transportant des familles entières aux yeux rougis par la fatigue et la
peur, chassées de leurs maisons du Haut-Karabakh par l’armée de l’Azerbaïdjan,
le souvenir du génocide hante les mémoires des Arméniens. Alors qu’un nettoyage
ethnique est en cours, nul ne peut dire que l’Arménie est à l’abri.
Les déclarations rassurantes du président azéri, Ilham
Aliyev, qui affirme vouloir respecter les populations restantes, ne
convainquent personne. Et d’ailleurs, reste-t-il aujourd’hui des Arméniens au
Haut-Karabakh, eux qui y vivaient depuis des siècles ? L’urgence est de
défendre ces femmes, ces hommes, ces enfants qui ont tout perdu. Il faut leur
apporter soutien et solidarité, très vite.
Mais, dans le même temps, il convient de s’interroger
sur l’échec de la diplomatie et la prégnance de la guerre comme solution, au
Haut-Karabakh comme ailleurs dans le monde. Le langage des armes devient la
norme et les conflits éclatent aux quatre coins de la planète. Un business
juteux, partie intégrante de la géostratégie des États, comme le montre le
soutien d’Israël à l’Azerbaïdjan.
Ceux qui voulaient y voir une offensive des musulmans
azéris contre des chrétiens arméniens en sont pour leurs frais. De même, on ne
saurait passer sous silence l’attitude de l’Union européenne, trop heureuse
d’acheter le gaz d’Aliyev, quitte à lui laisser les mains libres dans sa guerre
territoriale. Rien ne sert, ensuite, de pousser des cris d’orfraie comme le
font les chancelleries européennes, dont Paris. En réalité, lorsque le canon
tonne, c’est la paix qui meurt. Les milliards engloutis dans l’industrie de la
mort sont soustraits à la vie, là-bas comme ici.
La guerre, c’est aussi une manière de dresser les
peuples les uns contre les autres sous prétexte de langue, de religion,
d’histoire et de culture différentes. C’est empêcher de poser la question
ultime du bien-être des populations et de leur capacité à vivre ensemble au
Haut-Karabakh.
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