« C‘est un combat pour la
civilisation. Nous nous battons pour préserver le mode de vie des pays
libres », avait déclaré
le président américain George Bush en 2006, pour justifier la guerre en Irak.
Avec les résultats que l’on sait. C’est en ces mêmes termes que Benyamin
Netanyahou justifie l’offensive contre le Hamas. « C’est une
guerre entre la barbarie et la civilisation. (…) L’axe du mal, l’Iran, le
Hamas, le Hezbollah et leurs sbires, veut ramener le Moyen-Orient au Moyen Âge,
à cette époque barbare de massacres et d’exactions. Face à eux, il y a le monde
moderne, qui essaye de sauvegarder le XXIe siècle. »
Qui peut croire à une telle fable ? La guerre des mondes, avec les
barbares d’un côté et les civilisés de l’autre. Cette rhétorique belliqueuse,
au nom de la sécurité d’Israël, voudrait légitimer le siège et les
bombardements sur Gaza, les raids sur la Cisjordanie et le Sud Liban, justifier
l’offensive israélienne comme seule réponse aux massacres du 7 octobre et
comme seule promesse d’avenir pour la paix dans la région.
À New York, à la tribune de l’ONU, Antonio Guterres, rappelant que « l’attaque
terroriste du Hamas ne vient pas de nulle part » mais découle « d’un
conflit de longue date avec une occupation qui dure depuis
cinquante-six ans et aucune solution politique en vue », s’est
attiré les foudres du ministre israélien des Affaires étrangères, Eli
Cohen. « Monsieur le secrétaire général, dans quel monde
vivez-vous ? Ce n’est certainement pas notre monde ! » lui
a-t-il rétorqué.
On assiste à une polarisation opérante, aux Nations unies comme en France,
entre ceux qui refusent de contextualiser les attaques meurtrières du Hamas,
n’hésitant pas à les comparer à l’attentat du Bataclan ou à ceux du
11 Septembre, et ceux qui rappellent, comme Guterres, Villepin et tant
d’autres, que, tout monstrueux et terroriste qu’il soit – contextualiser n’est
pas justifier –, le raid du 7 octobre s’inscrit dans une histoire, une
vieille histoire de souffrances, de non-respect du droit international, de
colonisations, de lâchetés et d’aveuglement. Pour ceux-là, seule une solution
politique permettra de créer les conditions d’une paix durable entre Israéliens
et Palestiniens.
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